Malgré un contexte difficile le Burkina Faso garde le cap de la croissance

Dans un environnement extérieur difficile, le Burkina Faso s´en sort plutôt bien, parvenant à réaliser les objectifs de sa Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC), signée avec le FMI. La croissance atteindra 4,5% en 2008 (contre 3,7% en 2007).

Et 2009 offrirait encore de meilleures perspectives. Tout d´abord, la campagne céréalière 2008-09 s´annonce prometteuse avec une production attendue à 4,2 millions de tonnes (Mt) grâce à une politique incitative du gouvernement (semences améliorées, engrais, encadreurs agricoles) et une pluviométrie plus généreuse. La production prévisionnelle de riz se situe à près de 236 000 tonnes, en hausse de 242%.

Pour le coton aussi, première source de devises du pays, la production reprend après une faible campagne 2007-08 (360 000 t) et s´établirait à 520 000 t. Mais la chute vertigineuse des cours ces derniers mois aura un impact négatif. Le pays mise pour l´année prochaine sur l´introduction du coton OGM pour accroître les rendements.

L´activité a été intense dans le domaine minier avec l´inau­guration de quatre nouvelles mines d´or en moins d´un an : la mine de Mana, celle de Taparko, celle de Youga et la dernière en octobre dernier, la mine d´or de Kalsaka. Ainsi, la production d´or en 2008 devrait s´établir à 6,5 t (contre 2,5 t en 2007) et progresser régulièrement pour atteindre 18 t en 2010 avec l´entrée en activité de la mine d´Essakane.

En revanche, la mine de zinc de Perkoa qui devait être inaugurée fin 2009 fait face à des difficultés de développement, en raison de la faiblesse des cours du zinc et de la crise financière selon son opérateur, l´australien Aim.

D´importants investissements sont également en cours pour la construction du barrage hydroélectrique de Samandeni, dont les travaux ont été lancés en janvier, et pour le démarrage des travaux de l´interconnexion électrique Bobo-Dioulasso-Ouagadougou.

Parmi les réformes structurelles attendues en 2009, figurent en bonne place la réforme fiscale avec la création d´un impôt uni­que sur les sociétés, la révision du code des investissements avec une limitation des exonérations compensée par un système d´amortissement accéléré, et la révision du taux de TVA.
Si le taux de croissance en 2009 est prévu à 5,5%, il demeure néanmoins insuffisant pour réduire la pauvreté dont l´indice a gagné 2 points depuis un an.

L´année 2008 a été émaillée de tensions sociales, grèves et manifestations contre la vie chère. L´inflation s´établirait à 9,5% en 2008. Plusieurs mesures ont été prises pour atténuer l´impact social comme la subvention de l´éner­gie, des exonérations de taxes et de TVA sur certains produits. En outre, des négociations salariales dans le secteur privé, sous la houlette de l´État, ont conduit en juillet 2008 à une revalorisation des salaires de 4 à 8% suivant les catégories. Une crainte pour 2009 serait une baisse de l´aide publique au développement (APD).

Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil