Le 5 février dernier, l´ancienne république soviétique est devenue le 152ème membre de l´OMC (Organisation mondiale du Commerce). Le président Iouchtchenko a alors prédit « une augmentation de 1,7 % du produit intérieur brut », « de 3,5 milliards de dollars des investissements directs étrangers et de 4 milliards du volume d´exportations par année ». Concrètement, l´Ukraine accepte d´abaisser ses droits de douane dans les biens industriels et les services. Ils sont totalement supprimés dans plusieurs domaines industriels : produits chimiques, textile, machines agricoles et aéronautique. Sur les métaux, détaille le chef de l´Etat, « la production va augmenter de 22 % et les emplois de 19 % ». Et pour les produits chimiques une hausse « de 21 % de la production, de 3 % des exportations et de 17 % des emplois » est attendue.
Dans les services, « 155 engagements » concernent essentiellement « des concessions sur les droits de douane » dans les assurances, les banques, le transport, l´énergie et le transport maritime, selon Volodymyr Baluta, chef de la Mission commerce et économie auprès de la représentation ukrainienne à Genève. Dans l´agriculture, l´accord négocié à Genève par l´Ukraine et les 151 autres membres de l´OMC fixe définitivement le montant des soutiens autorisés et Iouchtchenko estime que les exportations nationales « pourraient y augmenter de 44 % ».
Le chef de l´Etat souhaite maintenant lancer rapidement des négociations avec l´Union européenne dans l´espoir d´aboutir à un accord de libre-échange (lire Le Moci n° 1811 7 février, page 8), ne disposant aujourd´hui avec l´UE que d´un accord de réduction de ses droits à l´exportation sur certaines matières premières. Elle assure aussi le transit vers l´Europe des hydrocarbures en provenance de Russie et d´Asie centrale. Or, les relations demeurent tendues entre Kiev et Moscou. Et le retour à la tête du gouvernement ukrainien de Ioulia Timochenko, égérie de la révolution orange (décembre 2004), n´arrange rien.
Le prix du gaz en question
Alors qu´une guerre des prix du gaz a déjà perturbé début 2006 l´approvisionnement énergétique de l´Europe, le Premier ministre souhaite supprimer les intermédiaires douteux dans la vente de gaz russe et relever le prix du transit facturé à la Russie. A Kiev, chercherait-on à prendre les devants, alors que l´on sait inévitable le relèvement au niveau mondial des prix du gaz payés à Moscou ? Selon un expert sur place, « il n´est pas certain que l´économie ukrainienne puisse absorber une hausse de plus de 50 % ». Par ailleurs, le géant gazier russe Gazprom menace à nouveau d´arrêter ses livraisons si l´Ukraine ne règle pas une dette de 500 millions de dollars due depuis un mois. La visite de Ioulia Timochenko en Russie, le 21 février, pour discuter du contrat gazier, s´annonce périlleuse.