Selon des informations du Télégramme de Brest reprises sur le site Rue89, l´Etat souhaite déléguer au secteur privé le contrôle de la sécurité des navires français, via les armateurs. Ces derniers choisiraient et rémunéreraient des bureaux de contrôle privés. Un décret dans ce sens devrait bientôt être publié.
Pourquoi ce choix du privé ? Pour éviter les doubles contrôles et réduire les coûts. Il faut remonter au scandale du naufrage de l’Erika en 1999, qui a conduit à la mise en place de procédures plus lourdes et plus coûteuses. Les Affaires maritimes doivent désormais contrôler chaque navire étranger faisant escale en France. Ce qui implique une charge de travail accrue, alors même que la rigueur budgétaire interdit de recruter de nouveaux fonctionnaires.
A ce jour, les armateurs sont déjà tenus de faire réaliser des contrôles techniques par des sociétés de classification privées, comme le groupe français Bureau Veritas. Mais ce sont les fonctionnaires des Affaires maritimes qui assurent des contrôles annuels et accordent les permis de navigation.
Or le système de contrôle actuel, partagé entre le privé et l´Etat produit parfois des doublons. Car les navires concernés, naviguant sur des lignes internationales, font des escales dans le monde entier et il faut faire venir les inspecteurs des Affaires maritimes depuis la France, en payant leurs frais de déplacement. Alors que les sociétés de classification ont des représentants partout. Et pour ces dernières, la privatisation du contrôle sera sans doute une affaire juteuse.
Toutefois, une question majeure reste en suspens : celle de l´indépendance des futurs contrôleurs privés. Car les contrôleurs (bureaux privés) et les contrôlés (armateurs) sont souvent issus du même monde. Combien d´armateurs n´ont-ils pas siégé au conseil d´administration d´un bureau privé de contrôle. Et puis il y a la pression naturellement exercée par les armateurs pour aller vers des temps d´escale, donc de contrôle plus courts.
Gilles Naudy