Malgré les pressions de ses 26 partenaires de l´Union européenne (UE), qui lui ont accordé, le 28 novembre, un plan d´aide de 85 milliards d´euros, l´Irlande a tenu bon sur le maintien de son régime d´imposition favorable à l´implantation de sociétés étrangères.
Le paradoxe est que ce pays, meurtri par l´éclatement de la bulle immobilière et la surexposition de ses banques, a enregistré l´an dernier, malgré la crise, une hausse des investissements étrangers (IDE) de 30 milliards d´euros. Au total, le chiffre des IDE a atteint officiellement 169 milliards d´euros.
A Dublin, on insiste sur l´importance du taux d´imposition « low cost » de 12,5 % appliqué aux entreprises pour préserver l´investissement et l´emploi. « Le secteur des exportations, à travers la crise, s´en est bien tiré parce que nous avons beaucoup de multinationales qui ne sont pas liées à l´économie locale et à la crise bancaire », expliquait aussi à la mi-octobre Philippe Lane, professeur d´économie au Trinity College de Dublin.
Si l´Irlande a sauvé sa souveraineté fiscale, il n´en reste pas moins que la potion administrée par l´Union européenne sera bien amer. Le plan de soutien équivaut à 53 % de son PIB. Dublin pouvait assumer les dépenses courantes jusqu´à la mi-2011, mais les 27 ont préféré anticipé une possible catastrophe. L´ancien « tigre celtique » est déjà fragilisé par les tensions politiques, né du plan d´austérité présenté par le gouvernement.
Par ailleurs, malgré des mesures fortes ou des réformes au Portugal et en Espagne, les deux pays de la péninsule ibérique n´ont pas rassuré sur leur capacité à affronter une crise financière. C´est pourquoi les 27, en même temps qu´ils acceptaient à l´unanimité le plan de secours à l´Irlande, ont décidé de renforcer le fonds européen de stabilité financière, mis en place au printemps dernier, en impliquant le secteur privé dans un mécanisme permanent de gestion de crise.
Ce nouveau dispositif, qui prendra le relai à la mi-2013, permettra un examen des situations au cas par cas « en pleine cohérence avec la doctrine mondiale et la pratique du FMI », selon Jean-Claude Trichet, qui préside la Banque centrale européenne (BCE). De façon concrète, en cas de crise de liquidité les banques auront, entre autres obligations, de conserver leur exposition à la dette du pays concerné. Si, par contre, la crise est plus profonde, que la dette devient insoutenable, il est possible d´imaginer une restructuration de la dette pour rétablir la solvabilité du pays.
Jusqu´à présent, avec la Grèce puis l´Irlande, l´UE n´a été confrontée qu´à des crises de liquidité. Le futur mécanisme européen fera l´objet d´une évaluation par la Commission européenne, en liaison avec la BCE, en 2016.
François Pargny