Dix jours après l’intervention à huis clos de l’ambassadeur de France en Libye, Antoine Sivan, au Medef, les langues commencent à se délier. D’abord, pour confirmer ce que l’on pressentait déjà : l’engouement des entreprises de l’Hexagone pour ce pays d’Afrique du nord est retombé.
Antoine Sivan a bien essayé, lors de cette rencontre le 15 février à Paris, de regonfler leur moral, « force est de constater que rien ne se passe, en dehors de petites commandes ou de travaux arrachés directement aux entreprises libyennes », explique le dirigeant d’une entreprise française, ayant participé à la réunion.
Ensuite, si dans un certain nombre de secteurs, les Libyens ont bien établi des listes de projets, les budgets d’investissements publics ne sont pas mis en place, ce qui nourrit l’impatience, voire le scepticisme, des entrepreneurs français, y compris de ceux qui planchent dans les groupes de travail ou clusters sectoriels, installés à la demande de l’ancien secrétaire au Commerce extérieur, Pierre Lellouche.
Le problème des impayés
Lors de la réunion du Medef, le discours le plus apprécié – et jugé « plus réaliste que celui de l’ambassadeur» par l’interlocuteur du Moci – a été celui d’Alain Bonnot, le président du Conseil des chefs d’entreprise France–Libye de Medef International et P-dg de Vinci Construction Grands Projets. Alain Bonnot a mis en lumière les difficultés rencontrées par les entreprises françaises, notamment les impayés, « un problème que Bercy a tendance à nier », déplore le responsable interrogé par Le Moci.
Les opérateurs économiques s’inquiètent encore des nouvelles règlementations qui pourraient être mises en place. Certes, le nouveau régime à Tripoli s’est engagé à honorer les contrats conclus avant la révolution. Toutefois, de nouvelles lois sectorielles risqueraient de modifier les relations contractuelles et une nouvelle loi sur les implantations étrangères, inspirée du modèle algérien, pourrait obliger les investisseurs étrangers à céder la majorité des parts dans les projets ou leurs filiales à des intérêts locaux. En revanche, la sécurité des biens et personnes n’est pas considérée comme « un gros handicap » par les responsables français.
François Pargny
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