A l’issue d’un appel d’offre international, CMA Terminal, filiale du groupe maritime français CMA CGM, a remporté la concession du terminal à conteneurs du port de Beyrouth, poumon économique du Liban et hub de transbordement régional, meurtri par l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium en août 2020.
Le groupe dirigé par Rodolphe Saadé, membre d’une lignée familiale de dirigeants aux racines libanaises et syriennes, qui faisait partie de la délégation accompagnant Emmanuel Macron lors de sa visite à Beyrouth deux jours après la terrible explosion le 4 août 2020, assurera la gestion, l’exploitation et la maintenance du terminal à conteneurs de Beyrouth pour une période de 10 ans, à partir du mois de mars 2022.
Si plusieurs sociétés avaient retiré le dossier du cahier des charges début 2020, lors du lancement de l’appel d’offres, la plupart ont jeté l’éponge après la catastrophe du 4 août 2020, qui a retardé de plus d’un an la procédure. CMA CGM restait seul en lice après le retrait de Gulftainer Lebanon, filiale d’un groupe émirati qui gérait le port libanais de Tripoli, dont elle a pris le contrôle début mars 2021.
Démarrage des travaux en mars prochain
Dans un communiqué, le groupe dont le siège est à Marseille, affiche aussi sa volonté de « prendre part à la reconstruction économique du Liban », pays rendu exsangue par une crise politique et financière inédite. D’après certains médias libanais, CMA CGM aurait aussi proposé, en marge de cet appel d’offre, un plan global de reconstruction du port de Beyrouth d’un montant de 400 à 600 millions de dollars. Le terminal à conteneurs, qui est actuellement équipé de 12 grues et de 39 portiques, représente 90 % de l’activité du port.
Pour l’heure, d’entrée, CMA CGM a annoncé la mise en œuvre d’un plan d’investissement de 33 millions de dollars (M USD), dont 19 M USD durant les deux premières années, pour réhabiliter et moderniser l’infrastructure et les équipements de ce terminal un temps géré par un groupement britannique formé de Mersey Dock and Harbour Company (MDHC) et International Maritime Association (IMA).
D’après son communiqué, ce plan d’investissement, dont les travaux doivent démarrer dès mars prochain, prévoit notamment « la remise à niveau complète des équipements » (réhabilitation, remplacement, acquisition de nouveaux équipements portuaires), la construction d’un nouveau hangar technique pour la maintenance et le stockage des pièces détachées, la transformation digitale du terminal et enfin la recherche de performance environnementale notamment par l’acquisition d’équipements moins polluants.
Objectif fiché : atteindre un niveau d’activité d’1,4 millions de boites (EVP) dans les dix ans.
Le Groupe CMA CGM est déjà présent au Liban où il a, dit-il, vu le jour il y a 43 ans. Il affirme réaliser aujourd’hui près de 55% du volume du terminal à conteneurs, à travers notamment le maintien de ses 9 escales hebdomadaires et de ses transbordements. Dans un pays plongé dans un profond désarroi économique et social, le rachat Gulftainer Leabnon lui a aussi ouvert la concession du terminal de Tripoli, deuxième port commercial du pays, confirmant ainsi sa volonté de renforcer sa présence et ses investissements au Liban.
En deux ans, CMA CGM affirme ainsi avoir déjà créé 800 emplois, portant à 1000 ses effectifs dans le pays, auxquels s’ajouteront 400 supplémentaires dans les 12 prochains mois avec ses nouveaux investissements. Parmi ses investissements, l’implantation de son bureau régional Levant, l’ouverture d’un hub digital et la création d’un centre de services partagés, le soutien à la production agricole et à sa promotion internationale, et enfin des investissements industriels.
Avec la concession du terminal à conteneurs de Beyrouth, CMA CGM enrichi par ailleurs un portefeuille mondial qui n’a cessé de s’étendre ces dernières années, et qui compte aujourd’hui 52 terminaux portuaires dans 33 pays, à travers ses deux filiales CMA Terminals et Terminal Link (joint-venture).
C.G
