Même si les effets directs de la pandémie sur les économies diminuent à chaque nouvelle vague, le variant Omicron a montré qu’elle continue à désorganiser fortement les chaînes d’approvisionnement et la production industrielle. Ces perturbations devraient persister en 2022, selon Coface.
« Les perturbations des chaînes d’approvisionnement ne seront probablement pas résolues pour l’été prochain, même si les pressions liées à la pandémie vont certainement s’atténuer avec le retour des beaux jours », estime Coface dans son dernier baromètre trimestriel des risques.
En ligne de mire, les politiques « zéro Covid » de certains pays cruciaux pour les chaînes d’approvisionnement mondiales et en particulier la Chine. En janvier, l’apparition de nouveaux cas de Covid-19 a en effet provoqué des mesures de confinement à A Xi’an, ville de 13 millions d’habitants dans le nord-ouest du pays ainsi qu’à à Anyang (5 millions d’habitants) et dans la ville portuaire de Tianjin, située à une demi-heure de TGV de la capitale chinoise.
En Europe, l’Allemagne et les PECO particulièrement touchés
Si tous les pays sont touchés par les perturbations, l’activité économique est particulièrement entravée dans les pays fortement dépendants de l’industrie manufacturière et/ou du commerce extérieur, comme l’Allemagne et les Pays-Bas. Les PECO, en particulier la République tchèque et la Slovaquie, sont également très exposés à ces perturbations, car de nombreux constructeurs automobiles y ont installé des usines au cours des dernières décennies.
Les difficultés d’approvisionnement ont atteint tels niveaux cet hiver aux États-Unis et en Europe, que les économistes de l’assureur-crédit ont abaissé leurs prévisions de croissance du PIB pour 2022 pour plusieurs pays d’Europe (dont l’Allemagne, à 3,3 %), ainsi que pour les États-Unis (3,7 %) et la Chine (5,4 %).
Un goulot d’étranglement mondial toujours possible
Selon l’indicateur de perturbation des neufs plus grands ports du monde que le logisticien Kuehne+Nagel a mis en place en janvier, les temps d’attentes y sont plus de 10 fois supérieurs à la normale avec un délai de 11,6 millions de jours EVP, alors qu’il serait inférieur à un million « en temps normal ». Selon une note de Rexecode publiée fin octobre 2021, l’explosion des taux de fret maritime va coûter 3,8 milliards de dollars aux importateurs français.
Alors que les annonces de desserrement des restrictions se multiplient dans le monde, les analystes de Coface n’excluent pas « que le variant Omicron, plus contagieux, déclenche des mesures de confinement plus strictes qui pourraient exacerber les problèmes de chaînes d’approvisionnement et créer un important goulot d’étranglement mondial ».
Sophie Creusillet