Soutenu par les conservateurs (ECR) et les libéraux (ALDE), le groupe PPE, majoritaire au Parlement européen (PE), a obtenu le report du vote de la directive tabac prévu initialement cette semaine lors de la plénière
à Strasbourg. Une nouvelle victoire pour l’industrie du tabac. Car invoquant, officiellement, des problèmes de procédure et la « ligne dure » adoptée par la rapporteur Linda McAvan (S&D, Royaume-Uni), les députés à la droite de l’hémicycle ont fixé un nouveau vote le 8 octobre prochain « rendant presque impossible une adoption par l’ensemble des institutions avant les élections de mai 2014 », déplore Gilles Pargneaux (S&D, France).
« L’industrie du tabac peut à présent se targuer d’une nouvelle victoire dans sa stratégie d’obstruction à la directive », a commenté Françoise Grossetête (PPE, France), se désolidarisant ainsi de la position adoptée par sa propre famille politique. Car pour les groupes de pression du secteur, tout délai supplémentaire est une victoire qui se compte en millions d’euros. D’où les moyens colossaux investis dans la campagne.
Philip Morris, par exemple, aurait ainsi employé 161 lobbyistes avec un budget de 1,5 millions. Même objectif pour les défenseurs de la cigarette électronique. A l’origine d’une vaste campagne sur le Web et les réseaux sociaux baptisé « save E-Cigs », ils craignent de voir leur produit soumis aux mêmes règles que les médicaments et donc autorisés à la vente uniquement en pharamacie. Pour le député Carl Schlyter, chargé des questions de santé publique chez les Verts, le PPE poursuit une double stratégie: repousser le vote pour gagner du temps et déposer des amendements pour affaiblir le rapport. Preuve que la directive est l’un des dossiers brûlants du PE : à ce jour 1360 amendements ont été déposés.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles