L´Inaporc, l´interprofession porcine en France, est inquiète. Les coûts de production ne cessent de grimper pendant que les prix de marché restent bas. Le coût de revient au kilo aurait ainsi atteint 1,58 euro pour un prix perçu de 1,18 euro. Or, la production européenne a augmenté de 3 % l´an dernier et la hausse des matières premières se poursuit. Sur les marchés tiers, le manque de compétitivité de la filière française est encore supérieure, en raison de contraintes diverses (conditions sociales avantageuses, exigences en matière d´environnement et de bien être des animaux) pesant sur les coûts de production. S´y ajoute l´euro fort, très pénalisant quand il s´agit de travailler en zone dollar.
Déstabilisés sur le marché européen, les producteurs sont aussi dans l´incapacité de profiter de la hausse de la consommation dans les pays émergents. D´autant que ces nations peuvent être aussi « fortement productrices », expliquait récemment au magazine Le Moci Didier Delzescaux, le directeur de l´Inaporc. C´est le cas du Brésil, qui veut exporter ses productions dans le monde entier. D´après la Confédération nationale de l´industrie (CNI), ses livraisons à l´étranger de viandes ont dépassé l´an dernier la barre des 10 milliards de dollars, soit une hausse de près de 30 % en un an. Autre grand pays émergent, la Chine « pour des raisons politiques importe peu, sauf des oreilles et des pieds. Elle veut produire et comme le niveau de vie est bas et donc les prix également, il nous est difficile d´y vendre », regrette Didier Delzescaux.
Des démarches sont engagées auprès de la Commission européenne pour obtenir une augmentation des restitutions à l´exportation. « Le niveau de 70 euros pour 100 kilos de viande exportée devient indispensable pour permettre une compensation du handicap généré par la parité euro-dollar », affirme-t-on à l´Inaporc. En attendant, la production en France doit mettre en place des mesures de soutien à l´élevage. En particulier, la Caisse d´avance de trésorerie (CAT) a prévu de distribuer quelque 100 millions d´euros aux groupements de producteurs fin février.