Le FMI a relevé ses prévisions de la croissance pour 2023 de 0,2 point à 3 %, une moyenne mondiale qui masque des situations disparates. Revue de détail, région par région.
La reprise se fait attendre, entravée par l’inflation et les tensions géopolitiques, et malgré un léger mieux des perspectives de croissance pour cette année, la croissance mondiale s’essouffle, passant de 3,5 % en 2022 à 3 %.
Ce ralentissement est particulièrement notable dans les pays avancés (2,7 % en 2022 vs 1,5 % en 2023). 93 % d’entre eux devraient enregistrer cette année une croissance plus faible. Elle devrait encore ralentir, à 1,4 %, en 2024.
- Dans la zone euro (3,5 % en 2022, 0,9 % en 2023 et 1,5 % en 2024). La croissance a été revue à la hausse de 0,4 point pour l’Italie et de 1 point pour l’Espagne, compte tenu du regain d’activité dans les services et du tourisme. En revanche, l’Allemagne devrait entrer en récession (- 0,3 point) en raison de la faiblesse de la production industrielle.
- Au Royaume-Uni (4,1 % en 2022, 0,4 % en 2023 et 1 % en 2024), une augmentation plus forte qu’attendue de la consommation et des investissements ont conduit le FMI à rehausser de 0,7 % ses prévisions pour 2023. La baisse des cours de l’énergie et la résistance du secteur financier ont également participé à ce retour de la confiance.
- Aux Etats-Unis, le PIB devrait passer de 2,1 % en 2022 à 1,8 % en 2023, puis à 1 % en 2024. Pour 2023, les prévisions ont cependant été revues à la hausse de 0,2 point de pourcentage, en raison d’un certain dynamisme de la consommation au premier trimestre, portée par les pénuries de main d’œuvre, qui ont favorisé des gains de revenu réel, et d’un rebond des achats de véhicules neufs. Le FMI estime que ce regain de la consommation ne devrait pas durer, les ménages ayant largement épuisé l’épargne excédentaire accumulé pendant la crise sanitaire. Par ailleurs, la Réserve fédérale devrait à nouveau relever ses taux directeurs.
- Au Japon (1 % en 2022, 1,4 % en 2023 et 1 % en 2024), malgré une légère révision à la hausse pour 2023 grâce à une politique d’aisance monétaire, les effets des mesures de relance antérieures devraient se dissiper l’an prochain.
Dans le monde émergent et en développement, la croissance devrait être globalement stable à 4 % cette année et atteindre 4,1 % en 2024. Il s’agit toutefois du groupe de pays qui affiche la plus grande disparité puisque que 61 % des pays devraient enregistrer une croissance plus rapide de leur PIB.
- En Chine (5,2 % en 2023 et 4,5 % en 2024), la composition de la croissance évolue avec un recul de l’investissement en raison de l’atonie du secteur immobilier et des exportations nettement plus élevées que prévu.
- En Inde, le PIB devrait augmenter de 6,1 % cette année, soit 0,2 point de plus que les prévisions du FMI en avril dernier, grâce à un investissement intérieur plus vigoureux.
- En Europe, les pays émergents et en développement (1,8 % en 2023 et 2,2 % en 2024) ont vu leurs prévisions de croissance augmenter de 0,6 point. Celle de la Russie a quant à elle gagné 0,8 point, à 1,5 %. Selon le FMI, des données portant sur le commerce de détail, la construction ou la production industrielles révèlent des résultats solides au premier semestre, grâce à la mise en place de mesures de relance budgétaire.
- La croissance de l’Amérique latine et des Caraïbes (3,9 % en 2022, 1,9 % en 2023 et 2,2 % en 2024), va chuter cette année. La hausse rapide du PIB observée en 2022 après la réouverture des économies au sortir de la pandémie est en effet en train de s’essouffler. En revanche, la révision à la hausse pour 2023 (+ 0,3 point) s’explique par une croissance plus forte qu’attendu au Brésil (2,1 %, au lieu de 1 %) et au Mexique (2,6 % au mieux de 1,8 %).
- La croissance au Moyen-Orient et en Asie centrale (5,4 % en 2022 et 2,5 % en 2023) a vu ses prévisions baisser de 0,4 point du fait d’un ralentissement marqué de la croissance en Arabie saoudite (8,7 % en 2022 vs 1,9 % en 2023). Cette révision tient à la réduction de la production de pétrole conformément à un accord de l’OPEP+. En revanche, l’investissement privé continue de stimuler le PIB non pétrolier.
- En Afrique subsaharienne (3,5 % en 2023 et 4,1 % en 2024), le taux de croissance du Nigéria en devrait continuer à ralentir en raison de problèmes de sécurité dans le secteur pétrolier. En Afrique du Sud (0,3 % en 2023), la reprise est entravée par des pénuries d’électricité alors les services ont bien résisté au premier semestre.
Sophie Creusillet
