En remportant il y a quatorze mois à Melbourne le contrat d´opération du plus grand réseau de tramway au monde, Keolis a réussi un coup de maître. Désormais installée en Australie, la filiale de la SNCF étend sa stratégie de développement à l´étranger, démarrée depuis quatre ans, tout en se rapprochant des marchés asiatiques qu´elle suit avec beaucoup d´attention.
« La France a permis l´Europe qui a ensuite permis l´Australie et les États-Unis », estime Michel Bleitrach, le président de Keolis, de passage à Melbourne où l´opérateur s´apprête à passer la vitesse supérieure.
En un peu plus d´un an, la compagnie a déjà imprimé sa différence à la capitale du Victoria, en modernisant un réseau qui, depuis plus de cent ans, « s´inscrit dans l´histoire de la ville », explique Michel Masson, directeur général de Yarra Trams, la filiale locale de Keolis, déjà élue meilleure entreprise de transports publics du pays par la concurrence. L´enjeu est de taille pour l´opérateur. Plus de 176 millions de passagers empruntent chaque année les 500 kilomètres de voies qui couvrent l´hyper-centre et les proches banlieues de la deuxième ville d´Australie. Empochant un chiffre d´affaires de 300 millions d´euros par an pendant la durée de son contrat, l´opérateur dispose de huit ans, plus sept optionnels, pour imposer sa griffe et répondre aux impératifs de performances imposés par son partenaire public.
Malgré les déconvenues récentes enregistrées sur les dossiers d´Alger et dans l´État américain du Maryland, Keolis a profité de l´année 2010 pour conforter ses positions à l´étranger. L´opérateur a remporté deux nouveaux appels d´offres à Stockholm, ainsi que plusieurs contrats en Allemagne et aux Pays-Bas. En 2010, la compagnie a réalisé 46 % de ses 4 milliards d´euros de chiffre d´affaires en dehors de la France « et nous visons la parité dans les toutes prochaines années », assure Patrick Jeantet, le directeur général à l´international.
Pour cela, l´opérateur est prêt à saisir toutes les opportunités. Vers l´Europe d´abord, avec au menu l´Allemagne, la Scandinavie, ainsi que le Royaume-Uni, où l´opérateur est en lice pour décrocher l´appel d´offres de la ligne ferroviaire West Coast et ses 800 millions d´euros de contrat. Dans le reste du monde ensuite, aux États-Unis et en Australie, « où le marché reste limité mais très urbanisé, avec un besoin énorme de transports publics », observe Michel Masson. Keolis a notamment déposé sa candidature auprès du gouvernement du Queensland pour la réalisation du premier tronçon de treize kilomètres du futur train de la Gold Coast, près de Brisbane, pour un peu plus de 500 millions d´euros. Deux autres entreprises sont en lice pour ce projet.
Olivier Caslin, à Melbourne
L´Australie, une base opérationnelle pour l´Asie
L´Australie, qui pèse déjà 15 % des recettes internationales du groupe constitue une base opérationnelle de choix vers les gigantesques marchés asiatiques. Associé à Melbourne avec MTR, retenu également en 2009 pour gérer le réseau de trains de banlieue, Keolis espère bien renforcer ses liens avec l´opérateur hongkongais pour découvrir d´autres horizons. « Nous nous connaissons très bien et nous pourrions tout à fait envisager de travailler ensemble sur certains projets d´Asie du Sud-Est », confirme Michel Bleitrach. En Chine, où il dispose depuis deux ans d´un bureau de représentation à Pékin, l´opérateur a établi lui-même les premiers contacts. « Notre expertise sur les trains régionaux à grande vitesse intéresse beaucoup les Chinois », précise Patrick Jeantet, dont les équipes planchent déjà sur plusieurs projets qui pourraient voir le jour « d´ici trois ans ».
O. C.