Toutes les grandes entreprises de l´électronique nippone ont subi des dommages suite au tremblement de terre qui a frappé le Japon le 11 mars. Mais pas seulement. Dans ce secteur très mondialisé, les entreprises du monde entier risquent de subir l´onde de choc de cette catastrophe sans précédent.
Six unités de production de Hitachi ont été endommagées, Sanyo (groupe Panasonic) a arrêté sa production en raison de coupures d´électricité, le site de Casio à Yamagata a subi d´importants dégâts, Fujitsu a fermé 10 usines… En raison des destructions, des coupures de courant, par mesure de sécurité ou du fait d´une logistique chaotique, l´électronique japonaise est paralysée.
L´archipel a fourni 14 % de la production mondiale d´ordinateurs et d´électronique grand public en 2010, selon le cabinet d´études iSuppli. Une part de marché qui peut sembler faible au regard de la domination japonaise dans ce secteur. Car les grandes entreprises nippones ont depuis longtemps délocalisé une partie de leurs activités dans le reste de l´Asie, notamment en Chine, où elles expédient des semi-conducteurs assemblés sur place, les produits finis étant ensuite exportés vers le reste du monde ou renvoyés au Japon. Ainsi si la production d´écrans LCD de Toshiba n´a pas été impactée par le séisme, c´est parce qu´elle a été délocalisée dans le reste de l´Asie, en particulier à Taiwan.
En revanche, sont toujours fabriqués sur le sol nippon des composants de très haute technologie, par des entreprises beaucoup moins connues du grand public. Et qui fournissent le monde entier. Grâce aux deux leaders mondiaux Sumco et SEH, le Japon est ainsi le premier fournisseur mondial de wafers, des galettes de silicium très pur utilisées pour la fabrication de circuits intégrés.
Selon iSuppli, des risques de pénurie sont à craindre pour les mémoires NAND flash, les mémoires DRAM, les microcontrôleurs, les écrans LCD et les puces LSI. Le Japon fournit par ailleurs 60 % de la production mondiale de la silicone utilisée dans la fabrication des semi-conducteurs.
« Les problèmes d´infrastructures vont ralentir ou suspendre les livraisions depuis le Japon durant les deux prochaines semaines. Cependant, l´équivalent de deux semaines de fourniture de composants affectés par le séisme sont déjà dans la chaîne d´approvisionnement. Pour cette raison, les pénuries ne devraient pas apparaître avant fin mars ou début avril », estimaient les analystes d´iSuppli dans une note du 14 mars. Ce qui n´a pas empêché, les prix d´augmenter. Celui des mémoires NAND flash de haute densité a grimpé de 10 % et celui des mémoires DRAM de 7 % depuis le 11 mars.
Les acteurs mondiaux de l´électronique sont donc suspendus à la reprise de l´activité au Japon. Mais, concernant l´électronique grand public, l´organisation très mondialisée de cette industrie, faite de délocalisations dans les pays à bas coup et d´un grand éparpillement géographique de l´appareil de production, peut également lui permettre de trouver des solutions. Fujitsu a ainsi annoncé la 15 mars dans un communiqué son intention d´augmenter la production d´ordinateurs portables et de serveurs x86 dans son usine d´Augsburg en Allemagne, afin de pallier l´actuelle paralysie de ses sites de production au Japon.
Sophie Creusillet