Ses interrupteurs en laiton brossé éclairent les chambres et les salles de bain des hôtels et palaces de Paris, Venise, Bahreïn, ou encore Pékin. Le fabricant français Meljac a fait de la fabrication d’interrupteurs de luxe son cœur de métier et désire désormais s’attaquer au marché américain de l’hôtellerie.
Meljac conçoit et fabrique depuis 1995 des interrupteurs et des prises de courant haut de gamme, entièrement manufacturés en France, destinés au marché de l’hôtellerie et aux particuliers. Cette entreprise de 65 salariés exporte son savoir-faire artisanal dans 60 pays à travers un réseau de 21 revendeurs agréés. Laiton brossé ou brillant, bronze, verre trempé, porcelaine de Limoges ou même cuir, Meljac propose une vaste gamme d’appareillages électriques raffinés (interrupteurs, prises de courant, thermostat…) proposés en diverses finitions. La PME réalise la moitié de son chiffre d’affaires (6,5 millions d’euros) grâce aux réalisations sur-mesure devant satisfaire les demandes les plus extravagantes de ses clients. Au-delà de leur aspect esthétique, les créations de Meljac sont le fruit d’un long travail de R&D. Le bureau d’études conçoit à l’aide de logiciels 3D des prototypes pour les commandes sur-mesure, par exemple, et étudie la faisabilité d’adaptation des mécanismes. Avant de dessiner une nouvelle gamme d’interrupteurs, Meljac innove en mettant au point de nouveaux mécanismes offrant une connexion fiable et un raccordement simple et rapide.
« Aujourd’hui, Meljac a une position de leader en France. Nous allons défendre cette position », indique au Moci Jean-Michel Lagarde, directeur général de Meljac. « Mais, ajoute-t-il, nous avons un réel potentiel à l’international ». Entré chez Meljac au printemps 2015 pour poursuivre et consolider aux côtés d’André Bousquet, président-fondateur de Meljac, la stratégie de développement à l’international de l’entreprise, Jean-Michel Lagarde a pour rôle de faire prendre à la société le virage de l’international. La PME réalise 38 % de son chiffre d’affaires à l’export et ambitionne d’atteindre 50 % d’ici 2 à 4 ans et d’intégrer une quinzaine de nouveaux revendeurs à l’étranger. Ses principaux marchés à l’export sont la Suisse, la Russie et l’Italie. Dans ces pays, Meljac développe principalement des produits pour l’hôtellerie. En Russie, où il a deux revendeurs agréés, le fabricant français travaille essentiellement pour des particuliers dont les commandes sont toujours plus extravagantes. « Un client russe a voulu intégrer des pierres semi-précieuses sur les interrupteurs, nous n’avons pas de limite », confie Jean-Michel Lagarde.
En 2014, Meljac a souffert de l’embargo russe. Aujourd’hui, la société se tourne vers les marchés américain et britannique qui représentent un véritable relais de croissance. « Les États-Unis sont un marché prometteur et dynamique », signale Jean-Michel Lagarde. Mais à condition, toutefois, d’obtenir les agréments à la norme américaine UL dont les démarches nécessitent parfois plusieurs années de travail. La norme UL distingue le courant fort (prises de courant et interrupteurs) et le courant faible (prise TV, téléphone). Meljac adapte chaque produit qui sort de ses deux ateliers situés en région parisienne, l’un dédié à la production, l’autre au traitement de surface (polissage, trempage dans des bains) aux normes locales car il n’y pas de normes mondiales pour l’électricité. Aux États-Unis, le courant électrique est de 110 volts contre 230 volts en Europe. Les installations électriques nécessitent des boîtiers d’encastrement métalliques. « Nous sommes en cours de normalisation pour les États-Unis », renseigne Jean-Michel Lagarde. « Cela fait deux ans et demi que l’on travaille à l’obtention de la norme électrique américaine », explique le dirigeant. Meljac doit enregistrer chaque nouveaux produits aux normes UL, fortement recommandées dans le pays. Aux États-Unis, Meljac fait encore beaucoup de projets résidentiels, car « c’est plus compliqué pour les projets d’hôtellerie notamment sur la partie “interrupteur”, pour laquelle nous ne sommes pas encore enregistrés UL », explique Jean-Michel Lagarde. Les interrupteurs Meljac équipent les villas de Los Angeles ou les appartements new-yorkais des célébrités américaines. « Les États-Unis élèvent des normes qui sont très protectionnistes car il ne s’agit pas uniquement de normes de sécurité ! » ajoute-t-il.
Du 20 au 23 septembre 2015, Meljac était à Londres pour participer au salon international Decorex, dédié à la décoration et à l’aménagement d’intérieur (revêtements muraux, mobilier, luminaires, revêtements de sol, etc.). Il s’agissait de la première participation du fabricant français à un salon britannique et les retombées ont été positives. Les domoticiens et les revendeurs de la marque Meljac ont présenté aux visiteurs professionnels – architectes et décorateurs d’intérieur – les créations raffinées de Meljac. « Nous avons pu prendre des contacts très qualifiés, environ 80 contacts par jour ! À la fin des 4 jours de salon, nous avions un carnet d’adresses avec un peu moins de 300 contacts », résume Jean-Michel Lagarde.
Cette participation au salon Decorex aura surtout permis à Meljac de rassurer ses distributeurs et de leur montrer le réel intérêt du marché britannique pour leurs solutions. Au Royaume-Uni, la PME n’est pas confrontée à une problématique d’enregistrement de norme. Cependant, la forme des prises de courant britanniques est différente, de plus, celles-ci fonctionnent avec un bouton on/off. Meljac est présent outre-Manche sur de petits projets résidentiels, mais à moyen-long terme, à horizon 2017-2018, souhaite cibler les projets d’hôtellerie.
« Pénétrer le marché du Royaume-Uni, c’est une porte ouverte sur le Moyen-Orient car à Dubaï les normes de courant sont anglo-saxonnes », prévient Jean-Michel Lagarde. « Nous faisons des prises anglaises pour les Émirats arabes unis, mais également Hong Kong et la Malaisie ». Pour la suite de son développement à l’international, la PME a d’autres projets dans ses valises. « Nous travaillons plus occasionnellement sur l’Asie et sur le Moyen-Orient (Liban et Arabie saoudite notamment) », confie le directeur général. Mais avant d’aller sur de nouveaux marchés, Meljac souhaite d’abord se concentrer sur les marchés anglo-saxons (États-Unis, Royaume-Uni).
Venice Affre