Bernard Delmas est directeur de Michelin Japon, et président de la Chambre de commerce et d´industrie française au Japon (CCIFJ), institution qui a publié, le 18 mars, les résultats plutôt encourageants d´un sondage effectué auprès de ses 420 membres. Il a bien voulu faire un premier point pour Le Moci.com.
Le Moci.com : Neuf jours après le début des catastrophes successives, quelle est la situation de l´activité économique sur le terrain ?
Bernard Delmas : Les préfectures d´Iwate, Miyagi et Fukushima sont directement touchées par le tsunami et la pollution nucléaire et donc fortement impactées dans leur fonctionnement. La région de Tokyo a subi un ralentissement de son activité dû, notamment, au fait que les transports ne fonctionnaient qu´à 70% à cause des coupures de courant et que de nombreux employés ont eu du mal à se rendre sur leur lieu de travail. La fermeture de nombreuses entreprises étrangères a aussi provoqué un ralentissement de l´activité notable.
Le Moci.com : Entre les dégâts physiques, les interruptions ou fermetures, les rapatriements ou transferts de personnels dans des zones plus sûres, quelle est votre évaluation des conséquences pour les implantations françaises ? A-t-on une idée concrète de ce que cela peut représenter comme coûts ?
Bernard Delmas : La CCIFJ est en train d´évaluer l´impact économique pour ses adhérents. Il semble que les dégâts causés par les catastrophes sont relativement minimes en terme financier. L´impact financier concerne plutôt le manque à gagner en termes d´exploitation. Les premières estimations donnent un repli de la croissance de 1% sur le second trimestre pour l´économie japonaise ainsi que sur le 3ème trimestre ; en revanche, le 4eme trimestre, avec l´effet du programme de reconstruction, devrait être meilleur que les prévisions avant la crise.
Beaucoup d´entreprises pensent que le Japon pourrait ressortir renforcé de cette crise majeure car l´exemple de solidarité et d´unité nationale qu´il a donné aurait un impact positif sur la consommation. Si certains secteurs comme l´automobile ont subi fortement cette crise du fait des politiques de « juste à temps », il est à noter que des secteurs comme l´agro alimentaire ont enregistré une hausse des commandes même au plus fort de la crise.
Le Moci.com : On a vu des entreprises françaises rapatrier leurs expatriés, d´autres transférer leurs activités temporairement vers le sud, des entrepreneurs mettre en veille, temporairement, leur activité. Pouvez-vous nous faire un point plus précis ? Pensez-vous que si la situation nucléaire s´améliore, le redémarrage sera rapide ?
Bernard Delmas : La CCIFJ a conduit une enquête auprès de ses adhérents. Il apparait que si 38% seulement des bureaux étaient restés pleinement ouverts pendant cette crise, c´est en fait les deux tiers qui fonctionnaient car de nombreuses entreprises ont fait travailler leurs employés depuis leurs domiciles grâce à internet et les VPN. Ce n´est donc environ qu´un tiers des entreprises qui ont fermé leurs bureaux dans les zones menacées pour les transférer au Sud ou à l´étranger. Nous estimons que les trois quarts des entreprises françaises vont reprendre à partir du mardi 22 mars (le lundi 21 étant férié) et que la situation deviendra complètement normale sous une semaine.
Propos recueillis par Christine Gilguy