L’Agence française de développement (AFD), bras financier du
gouvernement en matière d’aide au développement, n’est pas une institution qui
vient spontanément à l’esprit des dirigeants d’entreprises en quête de nouveaux
débouchés à l’export. Pourtant, il ne serait pas
inutile, à l’occasion de la visite d’Etat du président français en Inde (14-15 février), de se mettre en veille sur cette agence dont les
activités, depuis son ouverture en 2007, montent en puissance.
« Nous étions en 17ème position des bailleurs de fonds
de l’Inde en 2009, nous sommes 6ème en 2012 », détaille Aude
Flogny, directrice de l’AFD en Inde, agence régionale qui couvre également le Bangladesh et le
Sri Lanka, dans un entretien à la Lettre confidentielle. En 2012, les autorisations de prêts ont atteint 233 millions d’euros
et en 2013, elles pourraient dépasser le cap des 300 millions d’euros pour se situer entre 300 et 350 millions d’EUR. « On est en augmentation
mais cela reste une goutte d’eau » tempère toutefois Aude Flogny, qui rappelle que les aides extérieures sont très minoritaires dans le financement des programmes d’investissement publics indiens.
Des études, voir de l’assistance technique, qui peuvent permettre de se positionner en amont des projets
Il n’empêche. L’AFD est impliquée dans le financement de nombreux programmes de tailles diverses, qui débouchent parfois sur des marchés publics et des contrats, y compris des « gros »
comme celui du métro de Bangalore, dont la première ligne avait été inaugurée en octobre 2011 et pour laquelle Alstom avait fait la signalisation. Des extensions sont à l’étude. Les projets sur lesquels intervient l’AFD se traduisent notamment, en
amont, par des études, voir de l’assistance technique auprès des maîtres d’ouvrage, qui peuvent permettre à
des sociétés françaises de se positionner en amont des projets. A titre
d’exemple, une ligne de crédit de 70 millions d’euros qu’elle a accordée à l’agence indienne pour les énergie renouvelable,
l’IREDA (l’Indian Renewable Energy Development Agency) a permis, entre autre,
l’installation de 130 MW et la mise sur pied de deux programmes français de
formation dans le secteur solaire en 2011 et 2012.
Les axes prioritaires d’intervention de l’AFD en Inde rejoignent très
clairement des secteurs où l’offre française est bien positionnée : à côté de la maîtrise de l’énergie, la croissance urbaine est devenue une priorité de
premier plan. « Nous avons résolument pris le parti d’essayer
d’accompagner l’Inde dans sa croissance urbaine, confirme la directrice de
l’agence régionale de New Delhi. Déjà, plus d’une quarantaine de villes indiennes
dépassent le million d’habitants et le 12ème plan quinquennal
adopté en 2012, qui prévoit le montant ambitieux de 1000 milliards d’USD
d’investissements, fait du comblement du déficit d’infrastructures une priorité
centrale ». Sur ce montant énorme toutefois, elle estime que les financements provenant des bailleurs de fonds bilatéraux ne représenteront même pas 0,5 % du total. Sachant que le précédent plan quinquennal, de 500 milliards d’USD, n’avait pas été mené à sa fin et que les bailleurs de fonds bilatéraux y avaient contribué à hauteur de 2,5 milliards d’USD environ..
Un nouveau Fonds
d’expertise et de coopération technique doté de 20 millions d’euros
Croiser les intérêts des autorités des pays bénéficiant de l’aide de
l’AFD avec ceux de la France, et notamment de ses entreprises, pour identifier
les domaines d’intervention prioritaires fait partie des actions
concrètes découlant de la nouvelle diplomatie économique instaurée par le
gouvernement Ayrault. La démarche est désormais appliquée systématiquement par
l’ensemble du groupe AFD. En Inde, cela se décline en priorités
d’intervention dans les domaines clés de la croissance urbaine : sécurisation de
l’accès à l’énergie et énergie renouvelables, préservation de l’environnement,
collecte et traitement des déchets, transports publics…. Autant de secteurs où
« la France à de vrais savoir-faire », explique Aude Flogny, qui ne
cesse de recevoir, dans son bureau de New Delhi, les représentants de sociétés
françaises opérant dans ces secteurs.
Dans la pratique, l’AFD ne finance pas directement les projets :
elle accorde des prêts au ministère des Finances indien qui réaffecte cet
argent à des administrations ou des
établissements publics dédiés à la gestion des programmes prioritaires du gouvernement. Les interlocuteurs naturels de l’AFD sont donc
ces agences financières dédiées : IREDA pour les
énergies renouvelables, PFC et REC pour les infrastructures électriques, SIDBI pour le
financement des PME, NABARD pour le développement
rural, IFCL pour les
infrastructures…
S’il s’agit d’aide « déliée », c’est-à-dire sans obligation pour
les bénéficiaires d’utiliser des fournisseurs français dans la mise en œuvre,
« dans la pratique, il y a des entreprises françaises dans 55 à 60 % des
projets que nous finançons, le reste étant des entreprises locales »
souligne Aude Flogny. La participation des entreprises françaises pourrait être facilitée, à
l’avenir, par la création d’un nouvel outil d’intervention : le Fonds
d’expertise et de coopération technique (Fexte). Le principe de ce fonds a été
validé en janvier dernier : il doit permettre de financer des prestations
d’assistance technique aux maîtres d’ouvrage indiens. Il est en cours de création
et doit être doté de 20 millions euros par la DGTrésor « pour commencer ». Le challenge, pour la partie française, sera évidemment de convaincre les interlocuteurs indiens qu’ils « ont besoin d’être conseillés ». Mais une fois convaincus, ils pourront faire une requête auprès du Fexte…
Christine Gilguy
MOCI Pratique
Contact AFD Inde :
Agence de New Delhi, Tél. + 91 11 23 79 37 47 / Mail :[email protected]
Sites Internet : celui de l’AFD en Inde est accessible à partir de celui de l’AFD (www.afd.fr/).
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