Plusieurs accords de coopération économique ont marqué la visite officielle en France, du 27 au 30 mai, du nouveau président de la République d’Angola, João Lourenço, confirmant la relance des relations économiques et commerciales entre la France et ce pays riche d’Afrique lusophone, deuxième producteur de pétrole du continent, sorti de la guerre civile en 2002. Alors que les relations bilatérales ont été fragilisées par un climat des affaires difficile et des affaires judiciaires sous la présidence de son prédécesseur, José Edouardo dos Santos, resté 38 ans à la tête du pays, le déplacement de João Lourenço, le premier en Europe depuis son élection en septembre dernier, a posé les fondements d’un dialogue politique et économique renouvelé entre Paris et Luanda.
Reçu le 28 mai au palais de l’Élysée par son homologue Emmanuel Macron, le chef d’État angolais a insisté sur sa volonté de diversifier l’économie angolaise très largement dépendante de l’activité pétrolière, et signé ce même jour des accords qui devraient permettre de franchir une étape supplémentaire dans la relation bilatérale et renforcer la coopération dans tous les domaines : économique, politique et sécuritaire.
L’AFD de retour en Angola
Dans le domaine de l’agriculture, l’Agence française de développement (AFD) a signé une convention de 100 millions de dollars pour un projet visant à augmenter la productivité et l’accès au marché des petits et moyens producteurs, groupes de producteurs et petites et moyennes entreprises agroalimentaires (production, transformation, commercialisation) dans les zones d’intervention du projet. La zone d’intervention du projet est étendue à 12 municipalités réparties dans trois provinces (Cuanza Nord, Malanje et Cuanza Sud). Le projet appuiera prioritairement le développement durable de six filières agricoles (maïs, soja, haricots, poulet, œufs, café), afin d’assurer la sécurité alimentaire, substituer les importations et développer l’export pour l’entrée de devises.
L’AFD, qui a fait son retour officiel en Angola le 14 juillet 2017 via un accord d’établissement, a également signé un Fonds d’expertise et de renforcement de capacité (FERC) d’un montant de 500 000 euros qui sera affecté à l’identification de nouveaux projets dans le pays. Un avenant a également été signé pour permettre l’implantation en Angola de Proparco, la filiale de l’AFD spécialisée dans le financement du secteur privé (au service d’objectifs de développement), à des conditions facilitées.
Total et Sonangol renforcent leur coopération
Dans le secteur énergétique, Total, premier opérateur pétrolier dans l’ancienne colonie portugaise, a signé plusieurs accords avec Sonangol, l’entreprise publique chargée de l’exploitation et de la production de pétrole et de gaz naturel en Angola.
Les deux partenaires représentés respectivement par Patrick Pouyanné, P-dg de Total, et Carlos Saturnino, président du conseil d’administration de Sonangol, ont paraphé le contrat de service à risques relatif au permis d’exploration du bloc 48 en offshore profond en Angola. Total et Sonangol sont associés à 50/50 pour mener l’exploration sur le bloc 48 dans les eaux ultra profondes offshore avec une première phase de deux ans qui comprendra le forage d’un puits.
Les deux compagnies ont d’autre part fixé le cadre de la future joint-venture pour développer conjointement un réseau de stations-service en Angola, incluant la logistique et la fourniture de produits pétroliers. Enfin, un protocole d’accord, qui permettra d’assurer le financement de 50 nouvelles bourses d’études supérieures en France pour des jeunes étudiants angolais d’ici fin 2019, a été signé.
Total et ses partenaires ont également annoncé la décision d’investissement pour lancer le développement du projet Zinia 2 en offshore profond sur le bloc 17, situé à 150 kilomètres au large de l’Angola. La capacité de production de 40 000 barils par jour de Zinia 2 permettra de soutenir celle du champ de Pazflor, démarré en 2011.
Modernisation de la météo angolaise
De son côté, le ministre des Finances angolais Archer Mangueira a signé le 28 mai avec Société Générale et Meteo France International (MFI), filiale de Météo-France chargée d’exporter le savoir-faire et les solutions du groupe à l’international, l’accord de financement pour lancer la première phase d’un ambitieux contrat de modernisation de l’Institut national de météorologie angolais, l’INAMET.
Cet accord de financement fait suite à la signature du contrat commercial entre MFI et l’INAMET en juillet 2017, et à son approbation par décret présidentiel en avril 2018. Ce premier projet, d’un montant de 60 millions d’euros financé par la Société Générale au travers d’un crédit acheteur, a été conçu pour initier la mise en œuvre effective du plan de développement stratégique « Plano de Desenvolvimento Estratégico » (PDE) de l’INAMET.
D’une durée de trois ans, la Phase 1 a pour objectifs principaux : le renforcement des infrastructures météorologiques du pays, la formation initiale et permanente des personnels de l’INAMET, et la mise en place d’une capacité d’alerte et de service à la fois en direction du grand public, mais aussi des principaux secteurs économiques du pays, sensibles à l’aléa climatique, à savoir : l’exploitation pétrolière, l’agriculture, la santé et l’aviation.
Les exportations françaises reprennent
Au plan commercial, les échanges commerciaux entre la France et l’Angola sont dominés par le secteur des hydrocarbures.
En 2017, les importations françaises se sont élevées à 328,3 millions d’euros, dont 325,1 millions d’euros d’achats d’hydrocarbures (combustibles minéraux, huiles; matières bitumineuses), d’après les statistiques de la base de données GTA-IHS Markit. Les exportations françaises reprennent : en hausse de 18,02 % sur un an, elles se sont élevées à 302,9 millions d’euros. L’Angola représente le 85ème débouché de la France à l’exportation.
Venice Affre
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