C’est une bonne nouvelle alors que les derniers chiffres du commerce extérieur n’incitent pas à l’optimisme. Une étude du cabinet Asterès parue le 5 octobre montre notamment que la filière française des produits cosmétiques tient le choc à l’export de la pandémie mondiale de Covid-19, grâce à la demande chinoise et aux ventes des produits d’hygiène qui se maintiennent au niveau de 2019.
Selon cette enquête réalisée pour la Fédération des entreprises de la beauté (Febea), si l’export des cosmétiques a plongé de -14 % au premier semestre, cette baisse est moindre que celle de la moyenne des exportations nationales (-18%). Et selon l’étude d’Asterès, les exportations ne devraient diminuer que de – 9 % sur l’ensemble de l’année, affichant une belle et meilleure résistance que les exportations totales françaises qui devraient chuter de près du double (-17%).
« Le secteur limite les dégâts à l’international grâce à la bonne tenue des produits d’hygiène, notamment gels douche et savons, qui font l’objet d’une forte demande. Leurs ventes restent stables comparé à celles de 2019 » confie au Moci Olivia Guernier, porte-parole de la Febea (notre photo).
Légère croissance en Chine
Particulièrement à la peine aux États-Unis, fortement touchés par l’épidémie du Coronavirus, avec une chute de -10 %, les exportations françaises de cosmétiques accusent une baisse globale sur l’ensemble de la planète. Sauf en Chine où elles enregistrent au contraire une croissance de + 3 % selon l’étude d’Asterès.
« Même faible, cette croissance pourrait faire passer la Chine au deuxième rang des destinations de nos cosmétiques, devant les États-Unis jusqu’à présent notre deuxième partenaire dans le secteur derrière l’Europe qui en reste le premier importateur » souligne Olivia Guernier.
L’Asie dans son ensemble demeure cependant une destination fragile, notamment l’Inde. Les exportations françaises vers ce pays s’y sont effondrées, avec une chute vertigineuse de – 47% sur les 8 premiers mois de l’année ! « Il s’agit de la plus forte baisse des exportations sur toute la zone Asie » relève la porte-parole de la Febea.
Enfin, la demande de l’Amérique du sud s’est aussi contractée, notamment au Brésil gros importateur de cosmétiques durement atteint par la Covid-19. « Les exportations ont diminué de -10 % sur ce continent » précise Olivia Guernier.
Chute des ventes en duty free dans les aéroports
Les exportations françaises de cosmétiques pâtissent aussi indirectement de l’effondrement du trafic aérien lié à la crise sanitaire mondiale.
« La fermeture ou l’activité très réduite des aéroports ont fait chuter mécaniquement le travel retail, autrement dit les achats dans les aérogares de produits cosmétiques en duty free, qui représentent 7 % du chiffre d’affaires mondial du secteur » explique Olivia Guernier.
Selon l’étude d’Asterès, les ventes de cosmétiques dans ces points de vente devraient enregistrer une baisse d’au moins -65 % sur l’année 2020. L’arrêt brutal du tourisme international à Paris et en France contribue également à altérer les ventes de cosmétiques sur place qui constituent 20 % du chiffre d’affaires de la filière.
Le chiffre d’affaires à l’export de 2019 recouvré qu’en 2023
L’avenir international des produits cosmétiques tricolores ne s’annonce néanmoins pas si sombre. « Les exportations repartent en Chine et dans l’ensemble de la zone Asie » observe Olivia Guernier.
Mais d’après l’étude d’Asterès, le rebond pourrait être plus lent à l’international que sur le marché français, notamment dans les régions les plus touchées par l’épidémie (États-Unis, Inde, Brésil). De fait, le niveau de chiffre d’affaires de 2019 à l’export pourrait n’être réalisé qu’en 2023.
« Avec 50% des produits fabriqués en France qui partent à l’étranger, le secteur constitué de quelques grands groupes et d’un tissu dense de PME et TPE, réalisait à fin 2019 un chiffre d’affaires à l’international de 15,7 milliards d’euros, et affichait avant crise, une hausse de ses exportations de l’ordre de 9 % à 10 % par an. Les cosmétiques sont passés au deuxième rang des exportations totales françaises, juste derrière l’aéronautique » rappelle-t-elle.
Bruno Mouly