À l’est de l’Europe, les défaillances d’entreprises semblent marquer le pas. Du fait du redressement de l’activité économique –après une contraction de la consommation privée liée à la hausse du chômage– en 2014, le nombre de défaillances d’entreprises dans les pays d’Europe centrale et orientale, regroupés sous l’acronyme « PECO », s’est stabilisé, en légère baisse de – 0,5 % après un bond de + 7 % en 2013. C’est ce que révèle la société d’assurance-crédit Coface dans la troisième édition de son Panorama consacré aux « défaillances d’entreprises en Europe centrale et orientale », publié le 1er juin.
Les économies d’Europe centrale et orientale ont également été touchées par la double récession de la zone euro, leur principal partenaire commercial. L’année 2014 s’est toutefois caractérisée par le redressement de la plupart d’entre eux. Le rythme moyen de progression de la croissance du PIB est ainsi passé de 1,3 % en 2013 à 2,5 % en 2014, porté par la demande intérieure. Cependant, le rebond de la consommation interne n’a pas suffi pour permettre aux défaillances de retrouver leur niveau d’avant-crise. Le nombre de défaillances demeure important : plus de 65 000 entreprises ont subi des liquidations ou des redressements l’an dernier, relève Coface dans son Panorama. De plus, des disparités apparaissent selon les pays.
Forte hausse des défaillances en Slovénie, baisse considérable en Roumanie
Les défaillances d’entreprises en Slovénie ont augmenté de 44,7 %, soit le plus haut niveau dans l’ensemble de la région. Bien que le PIB de la Slovénie ait connu une bonne croissance (+ 2,5 %) en 2014, et que la consommation des ménages ait augmenté (+ 0,3 %) pour la première fois depuis 2010, les entreprises du pays n’ont, jusqu’à présent, bénéficié d’aucune amélioration sensible de leur activité. Des décisions d’investissement inadéquates, un manque d’adaptation à la conjoncture actuelle et l’endettement élevé des entreprises, font partie des causes les plus fréquemment citées pour justifier de l’insolvabilité des entreprises. Le secteur de la construction et l’immobilier affichent des taux de défaillances élevés. Il s’avère ainsi que 21 % des entreprises issues de la construction sont en faillite.
En Hongrie, l‘environnement juridique fluctuant a contribué à la forte augmentation du nombre de défaillances, qui a bondi de + 29,4 % en 2014. Les conditions économiques défavorables que les entreprises ont connu en 2013 continuent d’avoir un effet sur les faillites. À noter également que les procédures d’insolvabilité en Hongrie sont de plus en plus rapides tandis que les possibilités pour les débiteurs de prolonger ou d’éviter des procédures d’insolvabilité sont moins fréquentes.
À l’inverse, en Serbie, le nombre de défaillances a considérablement baissé par rapport à 2013, chutant de – 43,8 % sur un an suite à la révision de la loi serbe sur les faillites en août 2014. Les amendements ont permis de rendre plus efficace la demande de revendication des créanciers, grâce à l’élimination de dispositions vagues et incomplètes prévues par cette même loi. Les autres modifications comprennent une transparence accrue et des compétences plus larges pour les curateurs de la faillite.
La bonne tenue de l’activité économique en Roumanie, favorisée par le redressement de la consommation des ménages et le recours accru aux fonds de l’Union européenne (UE), s’est traduite par une embellie du côté des entreprises, avec une diminution de – 27,9 % du nombre de faillites. Par ailleurs, s’agissant des secteurs concernés par les défaillances, dans la construction une entreprise sur dix était insolvable en 2014.
L’embargo russe a affecté les PECO
Les entreprises de la région Europe centrale et orientale sont des exportateurs actifs, en particulier les petites économies de la région qui ne peuvent pas compter sur une consommation intérieure solide et donc vont rechercher des relais de croissance sur les marchés extérieurs, relève Coface dans son Panorama. Les volumes d’exportations des pays baltes vers la Russie étaient importants. En 2013, la Lituanie expédiait 20 % du total de ses exportations vers la Russie, la Lettonie 16 % et l’Estonie 11 %. De ce fait, l’embargo russe sur la viande, poissons, fruits, légumes et produits laitiers en provenance de l’UE, des États-Unis, d’Australie, du Canada et de Norvège, mis en place en août 2014, a eu un impact négatif sur les entreprises des PECO. Les entreprises dont les marchandises sont interdites d’entrée en Russie ont été les plus touchées.
Cependant, observe également Coface, l’embargo « a incité les entreprises de la région à rechercher d’autres marchés et à répondre à l’augmentation de la demande interne ». Par ailleurs, les PECO bénéficient de l’accroissement du volume de leurs échanges avec la zone euro qui affiche des signes de reprise.
La croissance du PIB régional devrait s’établir à 2,7 % cette année, dans ce contexte, l’assureur-crédit table sur une poursuite de la tendance baissière du nombre de défaillances d’entreprises dans les économies d’Europe centrale et orientale. Pour 2015, Coface prévoit une diminution de – 6 % du nombre de défaillances dans la région. « La consommation des ménages restera le principal moteur économique dans la plupart des pays et impactera positivement les secteurs qui en dépendent », estime Coface.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez le Panorama de Coface (disponible en anglais) sur les défaillances d’entreprises dans les PECO dans le document attaché à cet article.