La PME picarde Cornilleau est le leader mondial des tables de ping-pong d’extérieur. Sa croissance à l’export est dopée depuis quelques mois par la crise sanitaire et les confinements successifs.
Avec ses trois millions de tables de ping-pong d’extérieur fabriquées depuis sa création en 1969, elle était déjà le leader mondial du marché. Avec le Covid-19, la PME picarde Cornilleau (85 salariés, CA 2020 : 35 millions d’euros, soit +30% par rapport à 2019) assoit encore un peu plus ses positions.
« Pour nous, la crise sanitaire ne s’est vraiment pas traduite par une crise économique mais plutôt par une crise de production, constate François Robert, directeur commercial de l’entreprise familiale cinquantenaire reprise il y a 20 ans par Michel Zany, lui-même ex-directeur commercial de l’entreprise. Pendant le premier confinement, la demande de tables de ping-pong a été six fois plus élevée qu’habituellement. Avec trois semaines de fermeture, il nous a été impossible d’y répondre. Nous nous sommes complètement réorganisés et nous atteignons désormais des records de production mais, malgré tout, nous sommes toujours à flux extrêmement tendu, encore aujourd’hui. »
En 2020, l’export a bondi de 25 %
Bloqués chez eux, avec des perspectives assombries pour leurs vacances, les consommateurs se sont rués massivement vers l’équipement de leur maison et de leur jardin. Salons de jardin, piscines et donc… tables de ping-pong. Et plus encore les consommateurs étrangers que les Français.
« En 2020, l’export a bondi de 25 % et nous tablons sur 30 % pour cette année. Nous sommes les seuls à nous positionner sur le segment haut-de-gamme des tables de ping-pong. Le Made in France est un gage convaincant en la matière », sourit François Robert.
Surfant sur cette envie mondiale et irrépressible de jouer au ping-pong, Cornilleau s’est donné les moyens de prendre des positions sur ses concurrents en investissant notamment dans ses boutiques digitales (une trentaine actuellement mises à la disposition des distributeurs à travers le monde) et dans de nouvelles gammes.
L’année dernière, l’international a ainsi représenté 55 % du chiffre d’affaires total de Cornilleau. « Cela fait 20 ans que nous faisons de l’export, et nous sommes aujourd’hui présents dans 85 pays, sur les cinq continents. La croissance à l’international devrait se poursuivre à un bon rythme ». Y compris au Royaume-Uni, un des marchés phare de la PME, où le Brexit est venu compliquer les formalités et l’acheminement, sans pour autant ralentir les ventes (+25% en 2020).
Accélérer la filialisation
La PME de l’Oise utilise actuellement trois schémas de vente pour l’international. Les distributeurs pour la plupart des pays (dont le Royaume-Uni), mais aussi, deuxième schéma, une gestion en directe pour les grands comptes (en Allemagne et en Autriche, notamment, où la marque française travaille avec des grandes chaines de magasins d’article de sport, Intersport par exemple).
Troisième schéma, depuis 2019, Cornilleau s’appuie également sur une filiale, qu’elle a implantée aux États-Unis. « C’est notre troisième marché derrière l’Allemagne et l’Angleterre. Nous souhaitions y renforcer notre présence durablement » relate le dirigeant. Cette filiale emploie pour l’instant 4 salariés, et devrait monter à 10 collaborateurs sous trois ans.
Mais deux ans après les États-Unis, Cornilleau lorgne d’ores et déjà vers la création d’une seconde filiale. Où ? Le lieu n’est pas encore décidé mais l’ambition est claire : « Nous voulons aller, à l’avenir, vers plus de filialisation. Les distributeurs font bien leur job, en général en tout cas, mais la filiale permet d’être plus présent et de développer notre notoriété. »
Des freins et des inquiétudes
Dans son embellie à l’export, Cornilleau doit toutefois faire face aux difficultés logistiques liées à la reprise économique mondiale, après plusieurs mois de ralentissement extrême.
« Tout est Made in France, avec une intégration très poussée des différentes étapes de production. De plus, la plupart de nos fournisseurs sont français. Les flux entrants ne sont donc pas un problème, hormis l’explosion incroyable des prix des matières premières. C’est une autre histoire pour les flux sortants. Les délais de réservation de containers maritimes se sont considérablement allongés. Cela nous handicape, c’est certain », regrette François Robert.
Et d’illustrer son propos par la rupture de stock de plus d’un mois à laquelle a dû faire face sa filiale américaine en début d’année. « Début 2021, il y a eu un allongement soudain des délais de transport que nous n’avions pas anticipé. Nous avons raté l’ouverture de la saison aux États-Unis » explique-t-il.
En attendant, pour poursuivre sa croissance, Cornilleau travaille sur un projet d’extension de son site de production. Il lui permettra de faire face à une demande de plus en plus importante de tables de ping-pong d’extérieur et de développer sa stratégie de diversification entamée il y a deux ans par le lancement d’une première gamme de billards d’extérieur. « Le démarrage a été excellent en France, et nous lançons tout juste la commercialisation à l’export » conclut françois Robert.
Stéphanie Gallo