Créée en 2016, la startup parisienne spécialisée dans la consigne de bagages revendique une présence dans une quarantaine de pays et compte bien continuer de tisser sa toile à l’international. Pour ce faire, elle s’appuie sur un réseau de business developers locaux et sur des partenariats avec de grandes entreprises.
C’est en se retrouvant avec ses bagages sur les bras lors d’un séjour à New York en 2015 que l’idée a germé dans l’esprit de Matthieu Ballester : lancer un système de consigne permettant aux voyageurs de déposer rapidement leurs valises dans un commerce.
Diplômé d’une école de commerce et friand d’international (il a vécu un an en Chine dans le cadre de ses études), il cofonde la startup un an plus tard avec Samir Senouci, un ingénieur en informatique rencontré dans une entreprise de services où il travaillaient ensemble sur différents projets. Matthieu prend en charge la partie commerciale, Samir la technique.
Les deux dirigeants développent un modèle réplicable partout dans le monde. Les clients sont mis en relation avec des « nannies » (commerces, hôtels…) via une application et déposent leurs valises moyennant 6 euros par jour environ . « La moyenne est de 2,3 bagages par client et nous faisons 50-50 avec les commerçants », précise Matthieu Ballester. Les effets personnels des voyageurs sont assurés contre d’éventuels incidents (perte, vol, case…) à hauteur de 1000 euros et des scellés de sécurité numérotés sont apposés sur chaque bagage.
Des business developers pour recruter des commerçants
Magasins de souvenirs, épiceries, hôtels… La jeune pousse revendique aujourd’hui un réseau de 10 000 consignes dans 500 villes à travers le monde et un million de valises ainsi temporairement hébergées en 2022.
Pour recruter des « nannies » (pour moitié des hôtels), l’entreprise développe en parallèle deux types de stratégie.
Premier type de stratégie, elle passe des accords avec des enseignes de la distribution comme Carrefour ou 7-Eleven pour l’Asie, l’expressiste UPS pour le marché états-unien, mais aussi des compagnies aériennes (Transavia, TAP Portugal, easyJet, Air France) ou des chaînes hôtelières comme Accor.
Deuxième type de stratégie, elle s’adjoint les services d’étudiants qui recrutent des nannies. Ils connaissent la ville, parlent la langue et gagnent 50 euros par hôtel et 100 euros par hôtels nouvellement inscrits. Pour ce faire, Nannybag « fait tourner le réseau ». « Nous passons par des réseaux sociaux comme Linkedin, Welcome to the jungle, des juniors entreprises ou les écoles de commerce », détaille le dirigeant.
Bien implantée en France où elle dispose de 85 % de part de marché et profite de la disparition des consignes des gares en raison du plan Vigipirate (aujourd’hui seules 8 d’entre elles sont en activité), la startup lorgne très tôt du côté de l’international.
Retour sur le marché américain après la pandémie de Covid-19
« Nous avions une structure à Montréal pour développer le marché nord-américain et un espace de coworking à Singapour pour l’Asie, mais avec la pandémie de Covid-19, nous avons dû faire machine arrière, détaille le dirigeant. La façon de travailler a changé et nous nous sommes rendus compte que nous pouvions tout gérer depuis Paris grâce aux visios et aux outils de gestion des opérations. » L’entreprise fait donc machine arrière et centralise ses activités en France, hormis une équipe support client à Madagascar.
Si aujourd’hui Nannybag a mis en pause le développement en Chine, elle compte revenir en force aux États-Unis grâce à l’entrée au capital à hauteur de 49 % de Pickup, filiale de La Poste spécialisée dans les relais colis. Ce rachat, début 2022, permet de renforcer le maillage territorial grâce à 70 000 points répartis dans 31 pays à travers le monde, dont le pays de l’Oncle Sam.
« Sans Pickup, nous aurions pu créer une structure juridique dans le Delaware, mais le problème aux États-Unis est le coût très élevé d’acquisition des clients en ligne alors que nous n’avions pas la même notoriété qu’en France. Une campagne de référence via des mots clefs sur Google coûte entre cinq et dix fois plus cher qu’en France ! »
Le lancement aux États-Unis est imminent : les relais et consignes de Pickup sont actuellement en train d’être intégrés à la base de données de Nannybag.
La jeune pousse, qui compte proposer de nouveaux services comme les transferts entre aéroports et hôtels, réalise aujourd’hui plus de 50 % de son chiffre d’affaire à l’international et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle recrute actuellement des business developers au Japon et en Australie.
Sophie Creusillet