Activité très affectée par la crise sanitaire et les perturbations du fret mondial, le secteur de la distribution devrait rapidement se redresser, selon une récente étude de Coface. La situation varie cependant en fonction des segments et des pays.
Sans grande surprise, c’est le textile et l’habillement qui ont été les plus sévèrement touchés par la pandémie. Considérés comme non essentiels, et donc fermés pendant les confinements, les magasins de vêtements ont vu leurs ventes baisser de 24 % dans l’Union européenne et de 29 % aux Etats-Unis.
Toutefois, les ventes devraient progresser dès que la situation globale s’améliorera, souligne Coface. Elles continueront à varier en fonction des politiques en matière de travail à distance : s’il reste important après la pandémie, les ventes ne se redresseront pas complètement.
À l’autre extrémité du spectre, les magasins d’alimentation sont parmi ceux qui ont enregistré la plus forte croissance en 2020 (+ 4 % dans la zone euro, + 11 % aux États-Unis), en raison de la constitution de stocks de nourriture début 2020 et de la fermeture de restaurants. Il est peu probable que cette hausse se maintienne une fois que la situation se sera normalisée et que les restaurants auront rouvert leurs portes.
De manière surprenante, certains pays semblent avoir tiré parti de la Covid-19, notamment en Europe du Nord. La raison principale est que ces pays connaissent généralement un « déficit touristique » pendant l’été, avec plus de personnes sortant du pays que de personnes y entrant. Or, l’année dernière, en raison des contraintes des déplacements, ces pays ont eu plus de consommateurs que d’habitude.
Habituellement résilient, le secteur du luxe est aussi affecté
Alors qu’il reste traditionnellement mieux aux crises, le secteur du luxe a dû faire face à de nouveaux défis avec la fermeture des magasins et les restrictions aux déplacements internationaux. En 2018, les consommateurs chinois représentaient 46 % des achats de luxe dans le monde, à trois quarts effectués en dehors de Chine.
Le rebond est néanmoins déjà ressenti par des entreprises telles que LVMH, Kering et Hermès, dont les revenus avaient chuté de 27 %, 30 % et 25 % respectivement, au 1er semestre 2020. Leur revenus sont en hausse au 1er semestre 2021 par rapport au 1er semestre 2019. Toutefois, ces chiffres ne sont pas représentatifs de l’ensemble du marché et la reprise pourrait être plus difficile pour les plus petits acteurs.
L’e-commerce en demi-teinte
Si le recours accru à l’e-commerce au détriment des magasins physiques n’est pas nouveau, la croissance a été beaucoup plus forte que d’habitude en 2020 et a donc profité aux entreprises comme Amazon, ou aux détaillants « traditionnels » qui avaient investi dans la vente en ligne, comme Walmart.
En 2020, les ventes nettes d’Amazon ont augmenté de 38 % pour atteindre 386 milliards de dollars. Pour Walmart, les ventes ont augmenté de 6,7 % au cours de l’exercice 2021, tandis que les ventes en ligne ont augmenté de 79 % au cours de la même période. Dans la zone euro, le volume des ventes en ligne était en moyenne 23 % plus élevé en 2020 qu’en 2019.
Cependant, il faut savoir que la part de l’e-commerce dans le secteur du commerce de détail était déjà en augmentation depuis des années. Ainsi, si sa part est plus élevée aujourd’hui qu’en 2019, cela ne signifie pas nécessairement que cette augmentation a été entièrement causée par la pandémie.
Par exemple, dans l’UE-27, la part du commerce électronique a augmenté de 2,4 points de pourcentage (pp) en 2020 après +0,6 pp en 2019, +4,8 pp après +1,6 pp en Chine et +2,7 pp après +1,3 pp aux États-Unis.
Par conséquent, les ventes en ligne ont accéléré en 2020, mais une partie de cette accélération est due au 1er confinement, lorsque les ventes de détail en ligne ont atteint un sommet dans l’UE, aux États-Unis et au Canada. Ensuite, la part du e-commerce a diminué davantage aux États-Unis et au Canada qu’en Europe.
Des incertitudes sur les ventes à venir
Si le glissement progressif vers les achats en ligne va probablement se poursuivre et même si la pandémie a entraîné une accélération, l’effet sur la part de l’e-commerce sera probablement limité à long terme.
Tous canaux et segments confondus, la hausse du prix du fret et sa répercussion sur les prix à la consommation devraient peser sur le secteur. Les vendeurs de vêtements pourraient souffrir davantage que les autres détaillants, car leur demande est fortement élastique, mais les vendeurs de produits alimentaires et électroniques pourraient être plus résistants, note Coface.
SC
Pour consulter l’étude de Coface (en anglais) cliquez ci-après.