« Ce qui reste inquiétant, c’est le conflit qui persiste entre Bercy et le Quai d’Orsay ». Alain Bentéjac, co-président du groupe Artelia, fait partie des hommes d’affaires que le match Bercy/Quai d’Orsay commence sérieusement à lasser et qui appelle à « une clarification » de la « gouvernance du système ». Il le dit sans détours dans une interview exclusive au Moci où il dresse un premier bilan des réformes du dispositif public d’appui à l’export, à paraître dans son édition du 6 février.
« Le fait que le Quai d’Orsay mette en avant la diplomatie économique est une bonne chose. Mais que cela tourne à une rivalité constante entre le ministère des Affaires étrangères d’une part et le ministère de l’Économie et des finances d’autre part n’est pas sain », explique-t-il. Et d’appeler à « une clarification », car il y a désormais selon lui « un problème de gouvernance de l’ensemble du système du commerce extérieur ».
Une voix qui porte car elle émane d’un chef d’entreprise respecté tout autant par ses pairs que par le microcosme du commerce extérieur. Il ne cache plus d’ailleurs qu’il « envisage » de se présenter à la présidence du Comité national des Conseillers du commerce extérieur (Cnccef) (voir notre rubrique « Ils ont dit » dans la LC cette semaine…). Il est déjà président du comité commerce extérieur du Medef, très actif dans les réflexions qui ont mené à certaines réformes des outils financiers du soutien aux exportateurs, et co-auteur, avec Jacques Desponts, du Rapport d’évaluation sur l’efficacité du dispositif public d’appui à l’internationalisation de l’économie française qui a inspiré la plupart des grandes réformes institutionnelles engagées par Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, depuis l’été 2013.
En l’occurrence, Alain Bentéjac a déjà son idée sur la répartition idéale des « leadership », très clairement exposée dans le rapport qu’il a co-rédigé avec Jacques Desponts : au niveau national, le ministre du Commerce extérieur, « car c’est un poste qui nécessite un responsable politique à plein temps »; au niveau régional, « le conseil régional » ; et dans les pays étrangers, « l’ambassadeur ».
Christine Gilguy