« Son ministère et mes services travaillent main dans
la main à vos côtés, vous, entreprises ». En terminant son allocution à la
clôture des rencontres Quai d’Orsay Entreprises, le 9 avril, avant de passer le
micro à l’hôte des lieux, Laurent Fabius, Pierre Moscovici a manifestement
voulu faire taire les craintes que fait naître, auprès des services de Bercy, la
montée en puissance du ministère des Affaires étrangères (MAE) dans la
stratégie de diplomatie économique du gouvernement, marquée notamment par le
rôle de «chef de la diplomatie économique» à l’étranger confié par
Laurent Fabius aux ambassadeurs de France, et la nomination d’ambassadeurs économiques
en Région (voir les derniers nommés dans La Semaine des acteurs.. ).
Et le ministre de l’Economie et des finances d’insister :
« Laurent Fabius le confirmera : la diplomatie économique voulue par
le président de la République ne revient pas à substituer le Quai d’Orsay à Bercy,
ou opposer Bercy au Quai. Nous veillons au contraire, et ma présence ici en est
la preuve, à travailler ensemble, en faisant jouer nos complémentarités ».
Avant d’annoncer la prochaine signature d’une Convention entre le Trésor et la
Direction des entreprises du MAE visant à « définir et coordonner les
rôles de chacun » et d’inviter le ministre des Affaires étrangères à venir
« cet été » à Bercy pour « une journée de présentation détaillée
de ses outils de soutien à l’export des entreprises ».
Mais les craintes d’une marginalisation des Services
économiques, qui relève de la DG Trésor, et des organismes sous la tutelle du
ministère du Commerce extérieur, sont tenaces alors que le ministre de l’Economie
et des finances est pris par d’autres urgences politiques et économiques, comme en témoignent les informations recueillies par la Lettre confidentielle cette semaine (1). Le
succès manifeste de cet événement inédit sous les lambris du Quai d’Orsay qu’on été les Premières Rencontres Entreprises, concocté
par Jacques Maire, le nouveau patron de la Direction des entreprises et de l’économie
internationale – près de 800 participants, dont de très nombreux représentants d’entreprises,
et des intervenants de haut vol à l’hôtel du ministre – ne semble pas devoir calmer ces craintes tant il a installé le Quai dans les radars des entreprises et des institutions membres de l’Equipe de France de l’export. Surtout en l’absence remarquée de Nicole Bricq, empêchée d’y assister en raison du
choix de la date (elle était au Vietnam pour le lancement de de l’Année de la France
au Vietnam).
Reste aux entreprises à s’y retrouver : Laurent Fabius, dont le ministère prépare le redéploiement de quelque 300 postes du réseau diplomatique dans les pays émergents selon Jacques Maire, leur a dit
: « Le Quai d’Orsay doit être aussi la maison des entreprises ». Si elles ne comprennent pas encore toutes les
subtilités des repositionnements en cours, elles n’ont manifestement pas boudé leur
plaisir d’être ainsi courtisées.
Christine Gilguy
(1) Lire dans la Lettre confidentielle de cette semaine : « Diplomatie économique : le rapport de force fait peur à « l’Equipe de France à l’export »
Pour prolonger :
Diplomatie économique : la méthode Maire pour soutenir les ETI
Pour en savoir plus :
Lire les discours de Laurent Fabius et Pierre Moscovici aux Rencontres Quai d’Orsay Entreprises et différents documents publiés à cette occasion par le ministère des Affaires étrangères sur son site Internet en suivant le lien : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/diplomatie-economique-901/actualites-liees-a-la-diplomatie/article/rencontres-quai-d-orsay-106208