La Côte d’Ivoire aura fait mieux
que prévu. Pendant la réunion du groupe consultatif pour le financement du plan
national de développement (PND) 2012-2015, les 4 et 5 décembre à Paris, elle a récolté 8,6 milliards de dollars
au lieu des 4 milliards escomptés. Ancien directeur général adjoint du Fonds
monétaire international (FMI), le président Alassane Ouattara a ainsi réussi
son pari de mobiliser les bailleurs de fonds, malgré les critiques parfois
virulentes en matière de droit de l’homme, de gouvernance et sécurité.
Un programme de 22 milliards de dollars
Lors de la conférence de presse
clôturant la réunion du groupe consultatif, le Premier ministre, Daniel Kablan
Duncan, a indiqué, en réponse à une question du Moci, que la Banque
mondiale a promis à elle seule 2 milliards de dollars, la Banque islamique de
développement (Bid) environ 1,1 milliard, la Banque africaine de développement
(Bad) 1 milliard, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) 620
millions, la France 521,6 millions, l’Union européenne 314,8 millions, le FMI
274 millions, la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao
(BDIC) 200 millions, les Nations Unies 189,4 millions, l’Union économique et
monétaire ouest-africaine (Uemoa) 45 millions, le Fonds saoudien 30 millions,
l’Allemagne 21 millions.
Avant la réunion du groupe
consultatif, Alassane Ouattara avait annoncé que le PND, d’un montant global de
22 milliards de dollars, ferait appel à 60 % au secteur privé, les 40 % restants
devant être des ressources propres et les 4 milliards demandés à l’origine aux
bailleurs de fonds. Daniel Kablan Duncan n’a pas précisé l’utilisation qui
serait faite du surplus comme de l’ensemble du financement public. Préférant
insister sur la nécessité « de décaisser rapidement pour être
efficace », le chef du gouvernement d’Abidjan a rappelé qu’il s’était
entouré d’un Comité de mobilisation des ressources extérieures qui rendrait des
comptes régulièrement aux partenaires techniques et financiers. « Chaque
projet est recensé, avec son montant, sa date et ses conditionnalités
propres », a-t-il ainsi souligné.
Objectif : réduire la pauvreté et soutenir la réconciliation
De leur côté, les bailleurs de
fonds ont constitué un comité unique, la Coordination des partenaires
techniques et financiers, co-présidé à l’heure actuelle par l’Union européenne
(UE) et le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud). Une
structure de coopération dont se félicite l’ambassadeur américain en Côte
d’Ivoire, Phillip Carter III, qui, lors de la cérémonie d’ouverture, le 4
décembre, n’a pas hésité à dénoncer « la corruption endémique dans les
services publics » et plaidé pour que l’Administration soit récompensée
« en fonction du mérite et de la compétence ».
Son homologue de l’UE, Thierry de Saint-Maurice, a considéré, pour sa part, que
18 mois après la conquête effective du pouvoir par Alassane Ouattara, « la
voie du dialogue politique » demeurait « étroite ». Selon lui,
la réconciliation « piétine ». Le PND doit être le fer de lance pour
le développement d’une Côte d’Ivoire qui deviendrait un pays émergent vers
2020. La pauvreté serait ainsi réduite de moitié et un travail serait fourni
aux 4 millions de sans emploi, notamment des jeunes sans qualification, et aux
74 000 ex-combattants officiellement encore non réintégrés.
La France a signé un C2D de 630 millions d’euros
« La
France, a rappelé Hélène Conway, ministre déléguée aux Français à l’étranger, a
apporté son soutien à la Côte d’Ivoire dès la fin de la crise
électorale ». C’est ainsi qu’elle « a annulé pour 3,8 milliards
d’euros de dettes, dont 2,9 milliards dans le cadre du contrat de
désendettement et de développement (C2D).
Un premier C2D d’un montant de 630
millions d’euros a été signé par le ministre du Développement, Pascal Canfin,
le 1er décembre à Abidjan, pour la période 2012-2015. Six secteurs
sont concernés :l’éducation, la formation, et l’emploi (93
millions), la santé (70 millions), le développement rural (112 millions), le
développement urbain et l’eau (126 millions), les infrastructures de transport
(138 millions) et la justice (23 millions).
114 projets concrets pour 19 milliards
A
Paris, la Côte d’Ivoire a présenté 114 projets pour un financement global de 19
milliards de dollars. Pour chacun des cinq panels (infrastructures,
mines-énergie, industrie-commerce-communication, BTP-environnement et
éducation-santé) organisés autour de bailleurs de fonds le 5 décembre, une
liste de projets était disponible. Soixante projets, représentant 56 % de
l’enveloppe totale, concernent le secteur privé. Pour Marc Vincens Wabi, associé
gérant chez Deloitte à Abidjan,
« le partenariat-public-privé (PPP) et les Build Operate Own ou
Transfer (BOO ou BOT) sont bien adaptés aux investissements dans les
infrastructures ».
En matière d’environnement des
affaires, « le nouveau Code d’investissements offre des avantages
supplémentaires et permet aux opérateurs d’obtenir leur agrément au bout de 21
jours », assure Daniel Kablan Duncan. De même, insiste-t-il, « une
entreprise peut maintenant être créée dans un délai maximum de 48 heures, grâce
à l’ouverture d’un guichet unique de facilitation au sein du Centre de
promotion de l’investissement en Côte d’Ivoire (Cepici) ».
Enfin, le Premier ministre s’est
engagé à la réactivation du Comité de liaison secteurs public et privé, qui
existait dans les années 90 et à l’organisation d’un forum Investir en Côte
d’Ivoire en octobre ou novembre 2013. Un tel événement en 1999 avait réuni
2 000 investisseurs internationaux à Abidjan.
François Pargny
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3 Le Guide pays Côte d’Ivoire
4 Le fichier joint
« allocution de Daniel Kablan Duncan adressée au secteur privé »