La contrefaçon touche de plus en plus les vins et spiritueux, et plus particulièrement le champagne, a signalé Jean-Luc Barbier, directeur général du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), à l´occasion du sixième Congrès mondial sur la lutte contre la contrefaçon et le piratage qui a eu lieu les 2 et 3 février à Paris. Ce congrès était organisé par l´Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) avec le soutien de l´Institut national de la propriété industrielle (INPI) de France, pays hôte de la manifestation.
Le nom de « Champagne » est utilisé pour vendre un vulgaire vin mousseux dans le cadre d´un processus de plus en plus industrialisé, a expliqué Jean-Luc Barbier. « Il y a deux ans les douanes françaises, italiennes et allemandes ont déjoué un trafic de faux champagne, qui partait d´Italie et était vendu dans toute l´Europe. Tout était parfait, jusqu´à ce qu´un agent de douane détecte une petite faute d´orthographe sur l´étiquette ! Nous avons alors fait des analyses pour confirmer que ce n´était pas du champagne. »
Pour déjouer la contrefaçon, le CIVC mène une lutte active sur le terrain. Le comité veille à ce que l’Appellation d´origine contrôlée (AOC) et l’Indication géographique protégée (IGP) du champagne soient reconnues et protégées dans le monde entier. « On va sur le terrain pour établir des partenariats, des associations avec les groupements de producteurs de mousseux », explique Jean-Luc Barbier. Le gouvernement français et l´Union européenne (UE) accompagnent le CIVC pour agir auprès des pays. « Et ça marche » se félicite-t-il : « le vin mousseux américain de la Napa Valley est maintenant reconnu dans l´UE sous la dénomination « Napa Valley ».» Le combat n’est pas toujours facile. « En Russie, explique Jean-Luc Barbier, on s´épuise depuis des années à tenter, en vain, de faire protéger l´appellation auprès du gouvernement. Nous avons décidé d´y aller et de créer une association avec les producteurs, afin qu´ils prennent le relais pour demander au gouvernement russe de reconnaître l´appellation… »
Le fait de créer des passerelles entre les douanes, la police, et le secteur privé peut aider à démanteler les contrefaçons. Ainsi, explique Anne-lise Sauterey, coordinatrice régionale de l´Observatoire des trafics illicites du ministère français des Affaires étrangères, spécialisé sur trois pays du Mékong (Vietnam, Cambodge, Thaïlande), grâce à cet échange d’informations « nous avons pu mettre à jour un trafic de vins de Bordeaux et de whisky victimes de « refuelling » (délit de remplissage).
Globalement la contrefaçon représente 8 à 10 % du commerce international et touche de nombreux secteurs : médicaments, cosmétiques, textiles, pièces détachées de voitures…. En 2010, les douanes françaises ont intercepté 6 milliards d´articles contrefaits pour un montant en valeur de 1,2 milliard d´euros, majoritairement en provenance d’Asie.
Alix Cauchoix