L’activité économique de l’Afrique devrait connaître une croissance modérée de 2,7 % en 2022 et de 2,4 % en 2023, après un rebond de 5,1 % en 2021, selon le dernier rapport de la Cnuced sur le commerce et le développement. Le tourisme et les hydrocarbures tireront la croissance dans les plus grandes économies du continent.
L’insécurité alimentaire et la pauvreté minent le continent africain. Alors que la pandémie de Covid-19 avait jeté 55 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté, la crise actuelle, qui voit flamber les prix des produits de première nécessité et des matières premières alimentaires, devrait y conduire 58 millions supplémentaires d’ici à la fin de l’année. Une situation qui laisse nombre de pays désemparés. La Cnuced estime en effet que 60 % des pays africains à faible revenu sont déjà surendettés ou en passe de l’être.
La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que 33 pays africains ont besoin d’une aide extérieure pour nourrir leur population, tandis que l’insécurité alimentaire aiguë risque de s’aggraver au cours des prochains mois dans 18 de ces économies. La situation est particulièrement grave dans certaines parties de l’Afrique de l’Est et de l’Ouest en raison des déficits de la production agricole, des multiples saisons de sécheresse et des conflits persistants.
Outre la faim, l’Afrique doit également relever les défis que posent les prix élevés des carburants et les chocs financiers dus au resserrement plus fort que prévu des politiques monétaires dans les pays avancés. Par ailleurs, les taux de croissance du PIB africain pour 2022 et 2023 cachent une grande hétérogénéité comme le montre la trajectoire de croissance des trois plus grandes économies (Nigéria, Égypte et Afrique du Sud) qui représentent 60 % du PIB du continent.
Les trois principales économies africaines limitent la casse
Au Nigéria, l’économie a progressé de 3,1 % en glissement annuel au premier trimestre 2022, contre 4 % au quatrième trimestre 2021. Il s’agit du sixième trimestre consécutif de hausse du PIB, tirée non pas par les ventes de pétroles, mais par des secteurs comme les services et l’agriculture. En 2022, le rythme de croissance devrait légèrement ralentir, à 2,9 %, en raison de la faible production de pétrole due à des obstacles techniques et sécuritaires, et dans un contexte de sous-investissement.
En Égypte, l’activité économique a continué de se développer relativement rapidement au début de 2022, tirée par le tourisme, l’industrie manufacturière (non pétrolière) et le commerce. Pourtant, le pays a demandé au FMI un nouveau programme en mars 2022 lorsqu’il a subi de nouvelles pressions financières. Pour le reste de l’année, l’activité économique devrait ralentir en raison des retombées négatives de la guerre en Ukraine, conduisant à une prévision de croissance annuelle de 4 %.
En Afrique du Sud, la croissance de 1,7 % au premier trimestre 2022 a surpris à la hausse, avant de se contracter de 0,7 % au deuxième trimestre, notamment en raison des inondations dans le sud-est du pays. Alors que l’investissement privé s’est renforcé à la faveur de la reprise, l’investissement public reste faible. Les dépenses des ménages – qui augmentaient encore au début de 2022 – se sont contractées au deuxième trimestre et devraient rester modérées jusqu’à la fin de l’année en raison de la hausse de l’inflation, de la baisse des prix des actifs et de la hausse des taux d’intérêt.
Le tourisme et les hydrocarbures : deux secteurs qui tirent la croissance
En parallèle, le tourisme, l’hôtellerie et la construction devraient connaître une reprise plus forte au fil de l’année en Afrique du Sud. Parmi les autres vents contraires, citons la faiblesse des investissements et de la confiance des entreprises, les prix élevés des denrées alimentaires et des principaux intrants importés, l’endettement élevé de la classe moyenne et la volatilité accrue des flux de capitaux, qui aggravent les défis à plus long terme, tels qu’un chômage élevé et les inégalités sociales. Par conséquent, l’économie devrait afficher un taux de croissance plus faible de en 2022 (1,4 %).
Ailleurs sur le continent, les économies dépendantes du tourisme ont bénéficié du retour des visiteurs internationaux tandis que les exportateurs d’hydrocarbures ont profité de cours élevés. Pourtant, la situation économique reste difficile dans la majeure partie du continent.
Alors que, comme partout ailleurs, les dettes publiques se sont envolées depuis le début de la crise sanitaire, la Zambie a accepté un programme de 3 ans avec le FMI et le Ghana et la Tunisie sont en pourparlers de sauvetage. Fin mai 2022, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale considéraient que 16 pays africains à faible revenu présentaient un risque élevé de surendettement tandis que 7 pays étaient déjà en surendettement.
S.C.