La Commission vient de publier ses prévisions de croissance pour l’Union européenne. Cette dernière, estimée à 0,8 % l’été dernier pour l’année 2023 ne devrait finalement atteindre que 0,6 % sous les effets de l’inflation, d’une demande extérieure atone et du resserrement monétaire.
Le rebond se fait attendre. Alors qu’il était attendu en toute fin d’année, laissant augurer d’une reprise de l’activité économique l’an prochain, les prévisions pour l’année 2024 ont également été revues à la baisse, passant de 1,4 % à 1,3 %, la prévision de croissance de la zone euro s’établissant quant à elle à 1,2 %.
L’activité économique devrait néanmoins progressivement se redresser, parallèlement au redémarrage de la consommation, favorisé par la solidité du marché du travail, le dynamisme de la croissance des salaires et la poursuite de la baisse de l’inflation. Selon les estimations de la Commission, elle serait tombée à 2,9 % en octobre dans la zone euro, son plus bas niveau depuis juillet 2021, après avoir atteint un pic de 10,6 % il y a un an.

L’inflation baisse mais reste élevée
Même en recul, l’inflation demeure toutefois élevée, souligne la Commission, et il faudra attendre 2024 pour la voir franchement diminuer. Si le ralentissement de l’inflation au cours de l’année écoulée était dû principalement à la forte baisse des prix de l’énergie, il s’est aujourd’hui généralisé à l’ensemble des grandes catégories de consommation, au-delà de l’énergie et des denrées alimentaires.
L’inflation devrait continuer à diminuer, quoiqu’à un rythme plus modéré, du fait d’une atténuation plus lente, mais plus large, des tensions inflationnistes sur les denrées alimentaires, les produits manufacturés et les services.
Dans la zone euro, l’inflation globale devrait passer de 5,6 % en 2023 à 3,2 % en 2024 et à 2,2 % en 2025. Et dans l’UE, de 6,5 % en 2023 à 3,5 % en 2024 et à 2,4 % en 2025.

En 2025, l’inflation et les effets du resserrement monétaire s’estompant, la croissance devrait se renforcer et atteindre 1,7 % dans l’UE et 1,6 % dans la zone euro. Les analystes de la Commission européenne soulignent cependant l’incertitude dans laquelle se trouve actuellement la croissance européenne avec la poursuite de la guerre en Ukraine et le conflit au Moyen-Orient.
Un contexte géopolitique incertain
Si, jusqu’à présent, l’incidence du conflit entre Israël et le Hamas sur les marchés de l’énergie a été limitée, il existe un risque de perturbations des approvisionnements énergétiques qui pourrait avoir une incidence significative sur la production mondiale et le niveau global des prix. L’évolution économique des principaux partenaires commerciaux de l’UE, en particulier la Chine, pourrait aussi présenter des risques.
Sur le plan intérieur, la transmission du resserrement de la politique monétaire pourrait peser sur l’activité économique plus longtemps et plus lourdement que prévu, étant donné que l’ajustement des entreprises, des ménages et des finances publiques à l’environnement de taux d’intérêt élevés pourrait s’avérer plus difficile.
Des prévisions « optimistes » selon Oxford Economics
Des prévisions trop optimistes ? C’est ce que pensent certains économistes, dont ceux du cabinet britannique Oxford Economics, qui vient de publier une note sur ces prévisions automnales. Ils ne prévoient pas de contraction du PIB de la zone euro mais suggèrent que le rythme de la reprise de la consommation privée pourrait décevoir l’année prochaine en raison de l’affaiblissement du marché du travail qui pourrait affecter le revenu disponible réel et les décisions d’épargne.
Oxford Economics se montre prudent quant au perspectives de croissance de la zone euro, avec une augmentation du PIB de 0,6 % en glissement annuel en 2024 après une augmentation de 0,5 % en glissement annuel en 2023 ; soit beaucoup moins que la prévision de la Commission (0,6 % en 2023, 1,2 % en 2024 et 1,6 % en 2025).
Sophie Creusillet