Intervenant le 6 janvier à l’occasion de l’installation du nouveau collège élu de la CCIP – dont le nouveau président est Pierre-Antoine Gailly-, Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, a jugé les tendances du commerce extérieur « encourageantes » dans le contexte de crise : « ainsi nos exportations ont rebondi de 11% sur les 10 premiers mois de cette année par rapport à 2009. Elles ont même augmenté de 27% vers l´Asie » a-t-il souligné.
La CCIP est le poids-lourd du réseau consulaire français qui est un des piliers centraux de « l’équipe de France de l’export » (surnom donné au dispositif d’aide à l’export depuis trois ans). Son nouveau président élu, Pierre-Antoine Gailly, est également président de l’Uccife, l’Union des chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger, également membre de cette « équipe ». Face à une telle assistance, Pierre Lellouche en a profité pour rappeler les grandes directions dans lesquelles il compte porter ses efforts, dans la continuité des politiques impulsées sous la tutelle de Christine Lagarde, pour redresser un commerce extérieur structurellement déficitaire.
La première direction est politique et en ligne avec le discours actuel du gouvernement, aux accents de « patriotisme économique » en direction de certains grands pays émergents comme la Chine : la défense des « normes » dans les grandes négociations sur les questions de libre échange. « La France est en droit d´exiger que les règles du jeu soient communes à tous dans le commerce international. Je le disais déjà lorsque j´étais aux affaires européennes : arrêtons la naïveté. Exigeons la réciprocité ». De même, selon lui, « n´est-il pas temps de reconnaître que certains grands émergents ne peuvent plus être traités (…) de la même manière que les pays les plus pauvres de la planète, qu´il n´est plus vraiment légitime de leur accorder les mêmes préférences tarifaires, la même aide déliée…? « . Et c’est d’abord à Bruxelles que le fer sera porté : « L´industrie européenne mérite une diplomatie commerciale offensive et décomplexée, au service de l´emploi en Europe » a affirmé le secrétaire d’Etat.
Deuxième direction : renforcer l’équipe de France de l’export dont Pierre Lellouche a salué « l´unité et l´efficacité d’une ligne d´avants performante, avec Ubifrance » et de ressources humaines à la hauteur « avec le succès des VIE ». Pour lui, « désormais tout l´enjeu est de mieux faire travailler ces lignes d´avants avec nos lignes arrières, chez nous, nos chambres consulaires, nos régions, nos conseillers du commerce extérieur de la France, le Medef International, la CGPME, Oseo, et au-delà tous ceux qui contribuent à l´expansion internationale de la France ». Ajoutant que sa priorité, à cet égard, était « que l´information sur la demande mondiale, qui croît, soit mieux recueillie et surtout mieux partagée au sein de l´équipe de France » jusque dans les entreprises, il a indiqué que les chambres consulaires avaient un rôle « crucial » à jouer. Il a indiqué que, dans cette action, « le cœur de cible, ce sont nos 80 000 PME, d´ores et déjà exportatrices, et celles, nombreuses, que nous devrons amener à l´export ».
Les grandes entreprises ne sont toutefois pas oubliées, étant invitées à jouer dans cette équipe un rôle singulier : « les grands donneurs d´ordre industriels, singulièrement dans la sphère publique, doivent donner plus d´oxygène à leurs fournisseurs et préférer le « made in » France, à prix et qualité comparables. Ils doivent partout où c´est possible « porter » littéralement les petites et moyennes entreprises à l´export, comme le font déjà certains, fort heureusement. »
Troisième direction : les grands contrats. Dans ce domaine, l’heure semble plutôt à remettre de l’ordre dans la Maison France après les couacs de certains champions, notamment dans le nucléaire. « Je sais que le Président de la République et le Premier ministre s´y emploient sans relâche, a indiqué le secrétaire d’Etat. Je les accompagnerai dans leurs efforts, aux côtés de mes collègues Christine Lagarde et Eric Besson. J´ai d´ailleurs une liste de déplacements soigneusement préparée pour l´année 2011 dans cet objectif ».
Enfin, il a évoqué à nouveau la possibilité de monter « des grandes campagnes commerciales de valorisation du made-in France à l´échelle de la planète » et a annoncé qu’il lancerait « dans les toutes prochaines semaines une grande campagne de promotion dans le monde entier pour valoriser le label dont bénéficient la gastronomie et les arts de la table français depuis leur inscription par l´Unesco au patrimoine mondial de l´Humanité ».
Les détails des actions concrètes qui seront mises en oeuvres pour servir ces objectifs sont promis pour début février, au moment de la publication des chiffres 2010 du commerce extérieur français.
Christine Gilguy