On s’y attendait : les échanges extérieurs peinent à repartir dans un contexte de reprise lente de l’activité au niveau mondial en raison du Covid-19, selon les derniers chiffres mensuels des douanes, publiés le 7 octobre. Et près de 2000 exportateurs manquent encore à l’appel, ce qui confirme les tendances révélées par le baromètre Team France Export.
Les dernières prévisions publiées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sont pourtant plus optimistes qu’en avril : grâce à un rebond plus vigoureux durant l’été, le volume du commerce mondial de marchandises reculerait de -9,2 % en 2020, au lieu de -12,9 % initialement anticipés en avril dernier, en plein pic de la pandémie.
Les exportations de biens peinent à retrouver leur niveau d’avant crise
Côté chiffres du commerce extérieur, en août, les exportations ont stagné après de vigoureux rebonds en juin (+4,7 Md) et juillet (+3,2 Md) : elles ont reculé de -0,2 milliard d’euros (Md EUR), à 35, 4 Md EUR, restant, avec 83 %, en dessous de 17 % de leur niveau d’août 2019. Les exportations de biens d’équipement se stabilisent, restant à 71 % de leur niveau de 2019, alors que celles des biens de consommation poursuivent leur progression (+ 0,2 Md) sans rattraper leur retard.
Les importations pour leur part ont continué à légèrement progresser (+1 %), à 43,1 Md EUR, mais restent à 91 % de leur niveau d’août 2019.
Autrement dit, les exportations de biens peinent davantage que les importations à retrouver leur niveau d’avant crise. Le déficit commercial se creuse à nouveau avec – 7,7 Md EUR, supérieur de 0,7 Md à celui enregistré en juillet.
D’après les calculs de l’institut Rexecode, en tendance annuel, le déficit commercial n’aura jamais été aussi élevé, atteignant près -91 Md EUR en prenant la moyenne des trois derniers mois…
127 700 exportateurs à fin juin
Côté opérateurs, sur 12 mois à fin juin 2020, leur nombre s’établissait à 127 700, soit 2000 de moins que sur la même période se terminant fin mars 2020. Et, selon la Douane, « cette baisse du nombre total d’exportateurs est observée pour tous les secteurs et les taille d’entreprises ».
Dans le détail, plus des deux tiers de ces exportateurs (99 200, soit 77,6 %) sont des PME et TPE de moins de 20 salariés. Les PME et ETI de 20 à 250 salariés représentent 18,1 % du total (23 200), les ETI et grandes entreprises de plus de 250 salariés représentant, avec 5 200 opérateurs, les 4 % restants.
Quant à la répartition par secteur, les quatre premiers sont le commerce avec 45 % de l’effectif, l’industrie 24,1 %, les services 16,7 % et l’agriculture 10,7 %. Entre juin 2019 et juin 2020, si le commerce a accru ses effectifs (+ 900), l’industrie a perdu 600 exportateurs, les services 200 et l’agriculture 300.
Quatrième baromètre TFE : 39 % n’ont pas repris à l’export
Cette perte confirme une tendance relevée par le quatrième baromètre de la Team France Export (TFE) diffusé fin août : 61 % des entreprises interrogées avaient maintenu leur activité à l’export tandis que 39 % l’avaient arrêtée. Cette étude se base sur un sondage auprès de 8061 entreprises.
Manifestement, les exportateurs pâtissent de l’incertitude ambiante concernant l’évolution de la pandémie au niveau mondiale et son impact sur les économies. Les deux premiers motifs invoqués pour l’arrêt des activités exportatrices sont ainsi le manque de visibilité sur les marchés (40 %) et, loin derrière, la chute des commandes (24 %). Et celles qui ont continué à exporter sont 36 % à déplorer le manque de visibilité.
Seul motif de se réjouir, d’un mois à l’autre, selon le baromètre, la part de celle qui déclarent maintenir l’export est passé de 69 % en juin à 85 % en juillet/août : un petit rebond qu’il faudra confirmer. Ce sera l’une des missions du plan de relance à l’export.
C.G