La balance commerciale française s’est établie à – 81 milliards d’euros (Md EUR) l’an dernier malgré une légère baisse des exportations, en partie due aux difficultés du secteur automobile. C’est encore beaucoup mais c’est mieux que les années précédentes. A l’origine de cette amélioration : les échanges avec les pays tiers et le recul des importations.
Les bonnes nouvelles sont suffisamment rares en ce moment pour ne pas apprécier celle-ci. Selon le bilan de la Douane pour 2024, le déficit commercial a diminué de 50 % en deux ans. Entamée en 2023 après une année noire pour la balance commerciale française (- 162,6 Md EUR en 2022), le déficit a en effet réduit de 19,1 Md EUR, pour atteindre – 81 Md EUR l’an dernier.
Il reste cependant supérieur de 23 Md EUR à son niveau de 2019, soit avant la pandémie de Covid-19, principalement en raison du coût de l’énergie importée et de la dégradation du solde des matériels de transport.
Toujours est-il que, pour 2024, cette amélioration des échanges de biens tient essentiellement aux prix (et non aux volumes) ainsi qu’au recul de 4,5 % des importations, à 698,9 Md EUR. Le solde de l’énergie s’est en effet redressé, porté par un excédent historique sur le segment de l’électricité. Malgré cette baisse, les importations d’énergie demeurent nettement plus élevées qu’en 2019, en raison des prix du gaz et, dans une moindre mesure, du pétrole.
Progression des exportations de 1,6 %
Les importations de produits manufacturés sont également à la baisse. Le fléchissement des approvisionnements en automobiles et en machines dépasse la hausse des importations dans l’aéronautique. Sur l’autre plateau de la balance commerciale, les exportations ont enregistré une baisse de 1,6 % pour atteindre 598,3 Md EUR après trois années consécutives de hausse.
En cause : la baisse des prix mais aussi des replis marqués dans l’automobile, les hydrocarbures et les cartes électroniques. En revanche, les exportations de l’aéronautique, les parfums et l’agroalimentaire sont en augmentation. Ces secteurs phare du commerce extérieur et de l’industrie tricolore ont une nouvelle fois joué le rôle de locomotive de l’export et ont fortement contribué à la réduction du déficit commercial en 2024.
Principaux soldes sectoriels en 2024
Excédents
- Aéronautique et spatial : + 28,7 Md EUR
- Parfums et cosmétiques : + 17,3 Md EUR
- Agri-Agroalimentaire : + 4,9 Md EUR
- Produits pharmaceutiques : + 4,3 Md EUR
Déficits
- Energie : – 55,6 Md EUR
- Biens d’équipements : – 37,5 Md EUR
- Automobile : – 22,5 Md EUr
- Métallurgie : – 12,1 Md EUR
De bonnes performances en Asie et aux États-Unis
Cette dernière a également bénéficié de la bonne performance des entreprises françaises hors Union européenne, sur des marchés actuellement plus dynamiques que ceux du Vieux Continent.
Le solde commercial avec l’Asie s’est ainsi amélioré de 6 Md EUR l’an dernier par rapport à 2023, en particulier avec le Japon et la Corée. Un constat à nuancer toutefois puisque que ce rééquilibrage est largement du au recul des importations depuis la région en particulier des équipements mécaniques, du matériel électrique, électronique et informatique (-3 Md EUR) ainsi que des produits pharmaceutiques, (- 2,4 Md EUR) et des matériels de transport (- 1,5 Md EUR).
Le solde commercial avec le continent américain s’est également amélioré (+ 4 Md EUR) même si, après deux bonnes années (+ 6,8 Md EUR en 2023), le solde avec cette zone reste déficitaire, à -1,9 MD EUR, alors qu’il était excédentaire avant la crise sanitaire. A contrario, le solde avec les États-Unis a atteint 2,7 Md EUR, notamment en raison de la vente d’un paquebot au second semestre.
Le déficit avec l’UE à son plus bas niveau depuis 2009
Le solde commercial avec l’Afrique a également augmenté (+ 2,8 Md EUR), compte tenu d’une baisse des importations d’hydrocarbures naturels (-2,3 Md EUR). Il s’est en particulier amélioré avec l’Algérie (+ 1,1 MD EUR) et le Maroc (+ 0,9 MD EUR). Le solde avec l’Afrique reste toutefois déficitaire de 6,5 Md EUR alors qu’il était excédentaire en 2019.
A l’inverse, le solde avec l’Europe hors UE se dégrade (-1,0 Md EUR), principalement en raison de la baisse du solde avec la Suisse (-1,5 Md EUR) tandis que celui avec le Royaume-Uni est resté stable.
Le déficit des échanges avec l’Union européenne s’améliore de 10 Md EUR pour atteindre un 35,8 Md EUR, soit son meilleur niveau depuis 2009. Cette hausse est pour moitié due à l’amélioration du solde avec la Belgique (+ 5,2 Md EUR), en raison de la baisse du prix des hydrocarbures entre 2023 et 2024. Le solde s’améliore également avec l’Espagne (+ 2,2 Md EUR) et les Pays-Bas (+ 2,0 Md EUR). Il se détériore avec l’Italie (- 3,1 Md EUR).
Les chiffres détaillés de la Douane, qui mettent l’accent sur les soldes commerciaux, sont dans le document attaché à cet article.
Si le commerce extérieur français a plutôt bien résisté en 2024, en partie grâce aux performances de secteurs traditionnellement excédentaires et à la réduction des importations, l’année 2025 s’annonce particulièrement incertaine en raison des tensions géopolitiques, des conflits et des hausses de droits de douanes promises par Donald Trump sur les produits européens.
Sophie Creusillet
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