Malgré une hausse de 17 %, à 500,9 milliards d’euros, les exportations tricolores se situent toujours sous leur niveau d’avant le début de la crise sanitaire, selon les données publiées par les Douanes le 8 février. Mais ce rebond est en grande partie du à la hausse des prix à l’exportation.
Presque ! Sur l’ensemble de l’année 2021, les exportations de biens demeurent toujours inférieures à leur niveau de 2019, mais de seulement 2 %. Le rattrapage a cependant eu lieu au cours des six derniers mois de l’année, comparés au second semestre 2019.
La plus forte hausse a été enregistrée par les exportations de l’énergie : + 83 %, après une chute de 33 % en 2020. Cette performance s’explique essentiellement par la hausse des prix. Celui de l’électricité a été multiplié par trois et celui du pétrole a augmenté de 63,7 %. C’est également la hausse des prix qui explique celle du montant des exportations de produits agricoles (+ 7,2 % après – 0,5 %).
Un tiers de la hausse des exportations est dû à la hausse des prix
De même, si les produits manufacturés ont vivement rebondi de +14,8 % (après avoir chuté de -15,7 % en 2020), environ un tiers de cette hausse serait imputable à l’augmentation des prix à l’export de ces produits selon les Douanes.
Hors énergie, la progression des « autres produits industriels » (+ 17,9 %) repose sur des exportations dynamiques de produits chimiques de base (+ 34,0 %) –notamment vers l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne– et de produits chimiques divers (+ 12,5 %).
Les ventes à l’étranger de produits métallurgiques et métalliques (+ 30,8 %) ont également contribué à cette hausse, tout comme celles des produits du secteur de la mode et de la beauté : parfums, cosmétiques et produits d’entretien (+ 18,2 %), cuir, bagages et chaussures (+ 26,7 %) et articles d’habillement (+ 20,4 %).
Les ventes de biens d’équipement en forte hausse
Les ventes à l’étranger d’équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique (+ 14,7%, après -12,5 %) sont le deuxième contributeur à la croissance des exportations en valeur en 2021.
Cette hausse s’explique par des ventes vigoureuses de machines et équipements d’usage général (+ 11,6 %), de matériel électrique (+ 15,1 %) et, dans une moindre mesure, de composants et cartes électroniques (+ 20,9 %).
Les exportations de produits des industries agroalimentaires ont également fortement progressé cette année (+ 14,6 %, après – 4,6 %), portées principalement par les boissons (+ 24,7 %), notamment de champagne et de cognac, vers les États-Unis et la Chine.
L’impact des pénuries de composants
La progression plus mesurée des matériels de transport (+7,7 %), après leur chute de 2020 (- 33,3 %), ne leur permet pas de retrouver leur niveau de 2019.
Ce secteur demeure pénalisé par les pénuries de composants électroniques dans l’automobile et la reprise limitée du transport aérien de passagers. Ainsi, l’automobile, malgré une hausse de 9,6 % des exportation en 2020, se situe 12 % en deçà de leur niveau de 2019.
Pour les produits de la construction aéronautique et spatiale, l’augmentation des livraisons en 2021 (+5,5 %) ne permet pas non plus de compenser la baisse de 2020 (- 45,5 %) : la valeur de ces exportations représente 58 % de leur niveau de 2019.
Les exportations de produits pharmaceutiques font figure d’exception, leur progression étant quasi nulle (+ 0,2 %). Elles se situent donc au même niveau qu’en 2020, leur plus haut historique.
Pour conclure ce panorama sur une note en demie teinte, en 2021, tous secteurs confondus, la hausse des exportations en volume (+ 8,1 %) a été moins importante que la demande mondiale adressée à la France (+ 9,4 %). Traduction : la France a perdu des parts de marché. Alors qu’elles s’étaient stabilisées entre 2012 et 2019, elles ont reculé de 0,2 % à 3,4 % en 2020 et de 0,1 % sur les trois premiers semestres 2021. Sur l’ensemble de l’année 2021, les parts de marché de la France devraient s’établir à 2,7 %.
Sophie Creusillet