L’institution financière table désormais sur une hausse du PIB chinois de 2,7 % cette année et de 4,3 % en 2023, des perspectives bien en deçà des prévisions publiées par la Banque mondiale en juin. En cause : la flambée de nouveaux cas de Covid-19 et la fragilité du secteur immobilier.
Les objectifs de croissance de Pékin ont pris l’eau. Alors que les autorités chinoises envisageaient 5,5 % de hausse du PIB pour l’année 2022, la Banque mondiale pariait encore en juin dernier sur une croissance de 4,3 % pour 2022 et 8,1 % l’an prochain. Elle prédit désormais des performances beaucoup plus modestes (+ 2,7 % et + 4,3 %) sur fond d’inquiétude quant à l’évolution de la situation sanitaire, résumée dans le titre de son rapport publié le 20 décembre : « Naviguer dans l’incertitude ».
Malgré la fin de la politique « zéro-Covid » avec la récente levée des restrictions sanitaires, la Banque craint en effet « une réduction volontaire des interactions sociales qui pèsera sur la demande des consommateurs » ainsi que des « perturbations de la production manufacturière et de la logistique […] en raison de l’absentéisme des travailleurs ».
La consommation devrait se tourner vers la demande intérieure
Ces effets de l’actuelle envolée du nombre d’infections devraient se concentrer sur le premier trimestre de 2023, avant que le pays n’apprenne à vivre avec le virus, et que la consommation domestique ne retrouve de la vigueur, à partir du second semestre.
En raison de la détérioration de la demande mondiale, « la structure de la demande globale chinoise devrait évoluer progressivement en faveur de la demande intérieure ». La Banque mondiale estime cependant que la Chine pourra y faire face dans un contexte de croissance mondiale plus faible, et que la croissance des importations devrait à nouveau accélérer grâce au raffermissement de la demande intérieure.
La politique zéro-Covid mise en place d’une main de fer par Pékin a durement frappé le commerce extérieur. Selon les données publiées début décembre par la douane chinoise, en 2022, les exportations se sont effondrées de 8,7 % et les importations de 10,6 %.
Inquiétudes sur le secteur immobilier,
poids lourd de l’économie chinoise
En outre, les tensions actuelles sur le secteur immobilier « pourrait également avoir des conséquences macroéconomiques et financières plus larges ». Le ralentissement prolongé de ce secteur crucial pour l’économie nationale aurait en effet des conséquences sur les budgets des ménages, les finances des collectivités locales et les banques.
En novembre, Pékin a établi de nouvelles mesures, dont un soutien renforcé au crédit afin d’aider les promoteurs immobiliers criblés de dette, dont le poids lourd du secteur Evergrande, qui a accumulé 300 milliards de dette à lui tout seul.
Alors que des images de services de réanimation et de services funéraires pleins à craquer commencent à nous parvenir de Chine, notamment via les réseaux sociaux, la faiblesse de la demande intérieure comme extérieure ainsi que les difficultés rencontrés par le plus important secteur de l’économie chinoise (l’immobilier représente, avec le BTP, un quart du PIB national) donnent en effet l’impression que l’Empire du milieu navigue en pleine incertitude.
Sophie Creusillet
Pour consulter le rapport de la Banque mondiale (en anglais), cliquez ci-après !