Christophe Lecourtier vient d’être confirmé comme nouvel ambassadeur de France au Maroc. Business France attend à présent la nomination officielle de celui (ou celle) qui lui succèdera.
La nouvelle circulait dans l’écosystème du commerce extérieur depuis fin novembre, à la faveur de fuites dans la presse. Elle vient d’être officialisée par un décret du président de la République en date du 15 décembre, paru au Journal officiel du 16 décembre : Christophe Lecourtier, ministre plénipotentiaire, est nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès du Royaume du Maroc.
Le ministère français de l’Europe et des affaires étrangères avait reçu le 6 décembre les agréments des autorités marocaines et indiqué à l’AFP le 8 décembre que « cette nomination est le signe que les relations sont sur la voie de l’apaisement »
Il était « moins une » : l’officialisation de cette nomination est intervenue quasiment au moment où la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Catherine Colonna, embarquait pour une visite de deux jours à Rabat (15-16 décembre) visant à préparer le terrain à une prochaine visite du président français, Emmanuel Macron, en janvier.
Un baptême du feu pour le nouvel ambassadeur. Le contexte est en effet sensible : alors que le Maroc est un partenaire économique stratégique pour la France, les relations bilatérales ne sont pas au beau fixe, empoisonnées notamment par la question des restrictions de visas, et le poste d’ambassadeur de France était vacant depuis fin septembre, et le départ d’Hélène Le Gal pour le Service d’action extérieur de l’Union européenne (en tant que directrice Moyen-Orient et Afrique du nord).
Ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde lorsqu’elle était ministre du Commerce extérieur, ancien ambassadeur de France en Australie, Christophe Lecourtier a été l’un des artisans de la réforme de l’écosystème public français du soutien à l’export avec la création du « guichet unique » Team France Export, dont les piliers sont les CCI, Business France, les Régions, Bpifrance. Il dirigeait Business France depuis 2017 et avait été reconduit à ce poste en septembre 2021. Son expérience devrait être un atout dans le processus de relance des relations entre les deux pays.
Reste la question de son remplaçant ou de sa remplaçante. Car ce changement à la tête de Business France intervient au moment où l’agence doit négocier avec ses ministères de tutelle (Bercy, Quai d’Orsay, principalement) la révision de son contrat d’objectif et de moyen (COM) en 2023.
Le nom qui circule dans l’écosystème depuis fin novembre est celui de Laurent Saint-Martin, actuellement conseiller régional d’Île-de-France et candidat malheureux aux dernières législatives sous la bannière Renaissance, le parti présidentiel.
Cette perspective est accueillie non sans scepticisme dans l’écosystème du soutien au commerce extérieur : plusieurs observateurs issus des milieux d’affaires ont rapporté au Moci avoir vainement cherché, dans la biographie de cet ancien député du Val-de-Marne, qui a surtout travaillé sur les questions budgétaires (dernier poste : rapporteur général de la commission des Finances de 2020 à 2022), une quelconque expérience de l’international ou un intérêt pour l’internationalisation des entreprises.
Concernant les problématiques des entreprises qui se développent à l’international, même vide dans le CV de Laurent Saint-Martin. Avec un bémol toutefois : son passage chez Bpifrance avant de se lancer dans la politique (2010-2016), où son dernier poste était délégué à l’innovation.
Une seule certitude, donc : le successeur « pressenti » de Christophe Lecourtier connaît bien les arcanes des politiques publiques en matière économique et financière, à défaut d’être rodé à celle du soutien au commerce extérieur. S’il est confirmé dans ses nouvelles fonctions, il aura fort à faire pour convaincre en interne comme auprès des partenaires de Business France, qu’il est fait pour le job.
A suivre…
Christine Gilguy