Dans une lettre conjointe, rendue publique aujourd’hui par l’Elysée (voir la lettre dans le fichier attaché), la chancellière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy pressent la Commission européenne d’adopter des propositions relatives aux ventes à découvert à nu sur certaines actions. « Le travail de la Commission devrait comprendre la possibilité d’une interdiction, au niveau européen, des ventes à découvert à nu de toutes ou certaines actions et obligations et de certains CDS (Ndlr : Credit Default Swap) à nu sur titres souverains ».
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy espèrent que l’exécutif européen pourra présenter « des pistes d’actions envisageables », dès juillet, lors du prochain rendez-vous des 27 ministres européens de l’Economie et des finances. « Compte tenu de l’évolution récente des marchés, nous estimons qu’il existe un besoin urgent », soulignent les deux responsables.
Cette lettre intervient deux jours après un rendez-vous manqué à Berlin qui avait alimenté les rumeurs sur les querelles au sein du couple franco-allemand. Unité retrouvée ou de façade ? Les deux capitales tentent d’accorder leur violon au plus vite dans un contexte de crise de l’euro accentuée récemment par les difficultés croissantes de la Hongrie. Défenseurs d’une plus grande coordination au sein de l’UE, ils doivent également montrer qu’il existe un large consensus sur les ventes à découvert à nu alors que l’Allemagne a annoncé, en mai, sa décision unilatérale de les interdire pour les actions, les obligations d’Etat libellés en euro ainsi que les CDS associés.
Des désaccords profonds subsistent néanmoins entre les deux capitales, à la veille d’un Sommet européen prévu à Bruxelles le 17 juin prochain. Les 27 tenteront alors d’élaborer des propositions concrètes sur la future gouvernance de la zone euro. Favorable à un véritable gouvernement économique, Nicolas Sarkozy préconise une institutionnalisation de l’Eurogroupe. Composé aujourd’hui des ministres de l’Economie et des finances des 16 Etats à partager la monnaie unique, il pourrait, selon le souhait de Paris, réunir chefs d’Etat et de gouvernement et être doté d’un secrétariat propre. Angela Merkel insiste, quant à elle, pour que le problème soit géré à 27 et non à 16 et souhaite plutôt le durcissement du pacte de stabilité.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
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