L´histoire d´Arkamys en Corée du Sud, c´est celle d´une PME française de 20 salariés et au chiffre d´affaires de 1,8 million d´euros en 2010, qui est parvenue à séduire Samsung, le numéro un mondial de l´électronique, 188 000 employés.
Cette belle réussite n´était pourtant pas gagnée d´avance : « Les premiers temps, nous nous sommes beaucoup cassé les dents. Les Sud-Coréens sont d´une exigence phénoménale », raconte Philippe Tour, le P-dg de cette PME parisienne spécialisée dans l´amélioration du son. « Sans relâche, il a fallu présenter nos capacités d´innovation. Et surtout, faire preuve de ténacité. »
Une ténacité qui a fini par payer. La nouvelle tablette Samsung Galaxy Tab, la concurrente de l´iPad, sur le marché depuis octobre 2010, dispose d´une technologie sonore révolutionnaire mise au point par Arkamys. Cette solution logicielle unique « élargit » le son en créant deux « haut-parleurs virtuels », éloignés d´une vingtaine de centimètres, et perçus par l´utilisateur comme étant situés en dehors de la tablette. Début décembre, le conglomérat sud-coréen dépassait déjà ses objectifs pour 2010 en vendant plus de 1 million d´unités de son Galaxy Tab.
L´aventure coréenne d´Arkamys commence en 2008 : la PME participe à une mission d´exploration en Corée du Sud, organisée par Ubifrance et la Chambre de commerce franco-coréenne. Les entreprises françaises participant à cette manifestation, appelée Tremplin Corée-Japon, prennent part à une série de rencontres avec des partenaires potentiels, japonais et coréens. Pour Arkamys, ce sont notamment les géants de l´électronique Samsung et LG qui se montrent intéressés par les technologies sonores offertes par l´entreprise.
« La seule chose qui les intéresse, c´est le produit. C´est toujours la même et unique question : quelle innovation, quelle nouveauté avez-vous à proposer ? », se souvient Philippe Tour. Forte de cette prise de contact encourageante, l´entreprise entame « deux années d´allers-retours pour les convaincre ». Mi-2009, afin de résoudre le problème de la distance et du décalage horaire, Arkamys installe sur place un employé, ce qui permet de réduire les temps de réponse et d´assurer une meilleure coordination. Le premier contrat avec Samsung est signé début 2010. « La technologie Arkamys améliore l´expérience d´écoute. Elle permet de renforcer notre produit », se félicite de son côté David Noh, vice-président de la branche mobile de Samsung Electronics. « La France possède une industrie de nouvelles technologies très dynamique, et Samsung espère aussi travailler avec d´autres PME françaises du secteur, notamment le mobile », ajoute-t-il.
Autre élément du succès d´Arkamys : la présence locale. « Avoir quelqu´un sur place, c´est indispensable. Il faut des contacts réguliers et directs », affirme Jean-François Claude, chef de projet Corée, qui joue le rôle de relais à Séoul. Il parle couramment coréen : « Maîtriser la langue aide énormément pour créer une vraie relation avec le client. » Créée en 1998, Arkamys commence en 2006 à installer ses technologies de spatialisation sonore sur les téléphones portables et les autoradios. Elle équipe ainsi Renault et Peugeot. Début 2011, sa filiale sud-coréenne devrait s´étoffer de plusieurs employés locaux : le pays du Matin calme, qui concentre quelques-uns des plus grands fabricants mondiaux de téléphonie, de télévision et d´automobile, est pour l´entreprise le premier pays en termes de potentiel de développement.
Frédéric Ojardias, à Séoul
« La journée ne s´arrête jamais »
En Corée du Sud, offrir une technologie révolutionnaire ne suffit pas. Car les entreprises sud-coréennes sont réputées pour le rythme effréné et l´intensité du travail qu´elles exigent de leurs employés… et de leurs sous-traitants. « Tout va très vite, et la journée ne s´arrête jamais », explique Philippe Tour. Les appels en soirée, ou le samedi, sont considérés comme tout à fait normaux : « Nous avons dû adapter nos processus en conséquence. »
F. O.