Mauricio Macri, le président de l’ Argentine, a fait de la relance des investissements dans les infrastructures une priorité et, pour cela, il table sur les entreprises étrangères. Or, si les capitaux étrangers affluent en abondance pour prêter à l’État et aux collectivités territoriales, le financement des projets d’infrastructures dépend fondamentalement de l’attitude des assureurs-crédit. La signature de l’accord multilatéral de restructuration de la dette de l’État argentin due aux États dans le cadre du Club de Paris en 2014 puis des accords bilatéraux permet la réouverture des guichets du moyen terme par les assureurs-crédits. Mauricio Macri est pressé, parce que l’économie argentine est en récession et que les tensions sociales sont fortes. Il voit dans les infrastructures un moteur de relance. Il a donc dépêché des membres de son équipe pour convaincre les gouvernements.
Gabriela Michetti, la vice-présidente, s’est rendue en mai en Corée du Sud et au Japon. La semaine dernière, Alfonso Prat-Gay, ministre des Finances, s’est déplacé à Madrid où il a rencontré, notamment, le directeur général de l’agence espagnole d’assurance-crédit Cesce et à Paris où il a vu Michel Sapin. Le sujet de la réouverture de la Coface –dont la gestion des garanties publiques est en cours de transfert à la banque publique Bpifrance– a été évoqué. Mauricio Macri abordera lui-même la réouverture d’Hermes lorsqu’il se rendra en Allemagne, début juillet, en visite officielle.
Pour l’heure, un seul « succès » a été enregistré avec l’annonce de la réouverture de Sace (Italie), le 17 mai et de la mise en place d’une enveloppe de crédit acheteur de 700 millions d’euros. Plusieurs agences de crédit export (ECA/Export Credit Agencies) sont prudentes, certaines d’entre elles demanderaient des garanties supplémentaires et attendraient même la publication du rapport du FMI au titre de l’article IV, dont la mission est prévue pendant le deuxième semestre de 2016. L’Eximbank envoie une mission à Buenos Aires la semaine prochaine pour évaluer la situation.
Du côté français, c’est aussi, semble-t-il, la prudence qui prévaut. Lors de la clôture du Forum BID-OCDE sur l’Amérique latine, à Bercy, le 3 juin dernier, Matthias Fekl n’a pas apporté une information précise sur la réouverture. Le secrétaire d’État au Commerce extérieur s’est borné à déclarer que « nous serons aux côtés de l’Argentine pour que les facteurs de risque puissent être levés ». « Il est clair que si les assureurs-crédits doivent prendre leurs précautions, il ne faudrait pas non plus trop attendre. Les Argentins ont une vraie volonté de lancer des projets et il ne faudrait pas qu’on rate des opportunités » fait remarquer une source proche du dossier, côté français, à Paris.
Daniel Solano