Jean-Pierre Raffarin l’a répété à plusieurs reprises, notamment lors d’un séminaire organisé par Ubifrance le 20 avril : la mission que lui a confiée Nicolas Sarkozy, concernant l’aboutissement de grands dossiers d’investissements d’entreprises françaises, se terminera à la fin du mois.
L’ancien Premier ministre a obtenu des « arbitrages favorables », selon ses propres mots, sur les projets de Sanofi, de Bretagne International, de Saint-Gobain, de Macif, de Cristal Union et d’Alstom.
Il devrait clore le dossier le plus emblématique, portant sur la construction d’une usine automobile par Renault, à l’occasion du Forum de partenariat Algérie-France, qui se tiendra du 29 au 31 mai. Ces rencontres d’affaires réuniront quelque 350 entreprises algériennes et une centaine d’homologues françaises à l’hôtel Hilton d’Alger.
ll semble que le volet industriel du dossier Renault soit bouclé. L’État algérien et le constructeur tricolore s’accordent sur une production de 75 000 véhicules par an dans un premier temps, puis de 150 000. En revanche, d’après nos informations, les négociations se heurtent à la volonté de Renault, d’une part, d’obtenir des prêts bonifiés et des avantages fiscaux de long terme pour asseoir la rentabilité du projet, d’autre part, de maîtriser la commercialisation des produits. Un compromis pourrait être que l’État algérien contrôle la vente de véhicules aux administrations et entreprises publiques et le groupe automobile garde la main sur les livraisons aux particuliers.
Les dossiers intéressant Lafarge et Total ne sont pas non plus dénoués, et il est possible que le président de la République demande au sénateur de la Vienne de prolonger sa mission au-delà du 31 mai. Lafarge veut étendre ses installations existantes et se doter d’une nouvelle unité de fabrication de ciment.
Mais le projet se heurte à l’obtention des droits miniers assurant au cimentier de disposer de matières premières abondantes. Quant à Total, partenaire de la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach pour la réalisation d’un vapocraqueur d’éthane, le dossier est lié à la localisation de l’unité. Arzew, près d’Oran, avait été retenu à l’origine, mais on cite aujourd’hui Sidi Messaoud. Par ailleurs, la rentabilité du projet est liée à un accès libre à la matière première pendant au moins 15 ans. Pour s’assurer que le vapocraqueur pourra disposer d’éthane tout le long de cette période, Sonatrach a lancé une étude de faisabilité.
Lors du séminaire d’Ubifrance, le ministre algérien de l’Industrie, des PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi, a reconnu la nécessité de « prendre en compte les inquiétudes des PME » de l’Hexagone. La presse en avait déduit qu’Alger se préparait à assouplir « la règle 51/49 », qui oblige un étranger à céder à un investisseur local la majorité d’une entreprise ou d’un projet nouveaux. Ce que le ministre a infirmé par la suite.
Les relations politiques entre Alger et Paris sont au beau fixe. Le Forum de partenariat Algérie-France sera suivi de la Foire internationale d’Alger, du 1er au 6 juin, une manifestation qui bénéficie traditionnellement d’une forte présence française. Avec 80 exposants, la France devrait être le deuxième pays exposant, derrière la Chine, devançant l’Allemagne et l’Italie. Pierre Lellouche, le secrétaire d’État français au Commerce extérieur, devrait se rendre également à la fin du mois à Alger. Et l’on parle de rencontres qui devraient se tenir dans les capitales algérienne et française entre les ministres des Affaires étrangères, Mourad Medelci et Alain Juppé.
Par ailleurs, le tramway de la société Alstom à Alger devrait être lancé dans les prochaines semaines. Enfin, après le règlement d’un conflit financier entre Vinci-Siemens et l’Entreprise du métro d’Alger (EMA), les habitants de la capitale algérienne pourraient aussi utiliser le métro vers le 1er novembre prochain.
François Pargny
La France, premier fournisseur au premier trimestre 2011
D’après les douanes algériennes, la France a occupé le premier rang parmi les fournisseurs de l’Algérie pendant les trois premiers mois de l’année, avec un montant de 1,62 milliard de dollars, devançant l’Italie (1,28 milliard) et la Chine (927 millions). Globalement, les importations algériennes ont augmenté de près de 10 % à 10,75 milliards de dollars, en raison notamment d’une envolée des achats de produits alimentaires (+ 41 % à 2,22 milliards) et de biens de consommation non alimentaires (+ 27,7 % à 1,59 milliard).
F. P.
