A l’issue de la 8ème TICAD, Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD8), qui s’est tenue les 27 et 28 août 2022 à Tunis, le Japon et la Banque africaine de développement (BAfD) ont annoncé la mobilisation de nouvelles ressources pour injecter 5 milliards de dollars dans le secteur privé en Afrique. Un signe de l’intérêt constant des Japonais pour ce continent en émergence.
Ces nouveaux fonds sont mis en place dans le cadre de la cinquième phase de l’Initiative d’assistance renforcée au secteur privé en Afrique (EPSA 5) pour la période 2023-2025, un programme mené par le Japon avec la Banque africaine de développement.
Selon les détails fournis par la BAfD dans un communiqué, ces fonds se composent de 4 Md USD au titre du guichet existant EPSA et d’un montant supplémentaire pouvant atteindre 1 Md USD avec l’ouverture d’un « nouveau guichet spécial » par le Japon. Dans le cadre de ce dernier, Tokyo compte apporter des financements aux pays progressant en matière de transparence et de viabilité de la dette et d’autres réformes.
Plus largement, cinq secteurs prioritaires sont visés par les financements de l’EPSA 5 sur les trois prochaines années : agriculture et nutrition, électricité, connectivité et santé.
A Tunis, où 20 chefs d’Etat africains étaient présents, Masato Kanda, vice-ministre japonais des Finances pour les affaires internationales, a engagé son pays à soutenir les pays africains tout en respectant leurs propres initiatives, selon la BAfD. Une approche saluée par le président de l’institution financière panafricaine, Akinwumi Adesina : « EPSA 5 est le type de coopération dont l’Afrique et le monde ont besoin, a-t-il notamment souligné. La nouvelle initiative qui vient d’être signée aura un impact positif sur des millions de vies à travers l’Afrique. »
Lors de la conférence de Tunis, quelque 91 protocoles d’accord ont par ailleurs été signés entre d’une part le gouvernement et les entreprises japonaises, et d’autre part des sociétés ou des gouvernements africains. Ils comprennent des projets dans les cinq régions d’Afrique, visant notamment à développer les compétences techniques et les solutions vertes en matière d’hydrogène, de dessalement de l’eau et de géothermie.
30 Md USD d’engagement annoncés par le Premier ministre japonais
D’une manière plus générale, les entreprises japonaises ont été invitées à investir davantage dans les projets en lien avec la transition énergétique.
Alors que le continent africain reste perçu comme présentant des risques financiers élevés par les investisseurs des pays développés, le président de la BAfD a exhorté les entreprises japonaises à évaluer les opportunités d’investissement sur le continent sur la base de la réalité et non de la perception. « En 2020, Moody’s Analytics a réalisé une évaluation cumulative sur 10 ans des taux de défaillance de la dette mondiale des infrastructures, par région, a-t-il argumenté. Il en ressort que l’Afrique est la région qui présente le deuxième plus faible taux de défaillance cumulé, après le Moyen-Orient. Cela prouve une fois de plus que l’infrastructure en tant que classe d’actifs en Afrique est solide, sûre et rentable. »
Devant les milieux d’affaires, lors d’un forum en marge de la Ticad, Akinwumi Adesina a également insisté sur deux domaines dans lesquels il espère que le Japon fera mieux : le commerce et les investissements. Actuellement, l’Afrique n’attire que 0,003 % des 2 000 milliards de dollars d’investissements directs étrangers du Japon dans le monde.
Le Premier ministre japonais, lui, a confirmé sa volonté d’augmenter les contributions financières de son pays sur le continent : Fumio Kishida a annoncé, lors d’une intervention en vidéo, que le Japon injectera 30 Md USD dans le développement du continent les trois prochaines années, incluant l’EPSA 5, mais aussi un Fonds de croissance verte et un fonds startup (voir le détail des annonces ci-dessous).
Les annonces d’engagement du Premier ministre japonais
-le lancement de l’« Initiative de croissance verte du Japon avec l’Afrique » de 4 Md USD pour améliorer la qualité de vie des gens.
-un Fonds d’investissement pour les startups de plus de 10 Md de yens japonais fourni par la communauté d’affaires japonaise.
-le développement des ressources humaines avec la formation de 300 000 professionnels qui soutiendront l’avenir de l’Afrique.
-le soutien d’un maximum de 5 milliards de dollars EU fourni dans le cadre de la coopération avec la BAfD pour le développement global du secteur privé.
-une nouvelle contribution pouvant atteindre 1,08 Md USD pour le Fonds mondial de lutte contre les maladies infectieuses.
-une aide alimentaire de 130 M USD ainsi que le cofinancement d’un prêt de 300 M USD pour la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de la BAfD.
C.G
*La TICAD, qui se tient tous les trois ans, est organisée par le gouvernement du Japon, les Nations unies, le Programme des Nations unies pour le développement, la Commission de l’Union africaine et la Banque mondiale.