L’Ecole supérieure des travaux publics de Yamoussoukro (ESTP), qui fait partie de l’Institut national Polytechnique Félix Houphouët Boigny, a toute les chances de devenir le premier établissement d’enseignement supérieur africain à recevoir une certification RH Excellence Afrique, du nom du programme lancé par le Conseil des investisseurs en Afrique (Cian) et placé sous l’égide de la Fondation AfricaFrance*. Le processus de certification est en phase terminale, mais l’annonce a été faite par Etienne Giros, président du Cian, directement à Koffi N’Guessan, le patron de cet institut, lors d’une table-ronde sur le développement des compétences dans le cadre des dernières Rencontres Africa 2016, le 22 septembre*.
« D’ici 4 à 5 ans, a rappelé le président du Cian, nous espérons avoir 100 établissements certifiés et 300 entreprises membres ». Ce programme, qui ambitionne de permettre de mieux former cadres intermédiaires, techniciens et techniciens supérieurs (jusqu’à bac + 3) dont manquent cruellement les entreprises en Afrique, fait partie des solutions présentées, lors de cette table ronde, pour faire face aux énormes besoins de formation auxquels le continent africain doit faire face : 12 millions de jeunes arrivant sur le marché du travail chaque année après une scolarité plus ou moins longue, et « 100 à 140 millions qui sortent du système éducatif sans aucune qualification », a rappelé Didier Acouetey, président d’Africasearch.
Pour ces jeunes non diplômés hors-circuit, comme pour les diplômés en quête d’emploi, le e-learning pourrait constituer, selon Didier Acouetey, une autre solution pour apprendre des métiers plus manuels, d’autant plus que l’usage des smartphones se répand à grande vitesse sur le continent. Mais à condition de proposer « des modules certifiants et qualifiants » aux élèves, a souligné Valérie Boudier, directrice pédagogique de KTM Advance Sénégal, une spécialiste du e-learning.
Les besoins sont en tout cas réels : lorsque CFAO a ouvert son premier centre commercial en Côte d’Ivoire, il lui a fallu recruter 500 personnes parmi 4 000 candidats, qu’il a fallu former, car le pays ne possédait pas, jusqu’à présent, ce genre d’infrastructure commerciale : « Nous avons mis en place 200 modules de formation représentant 17 000 heures à Abidjan et en France », a notamment relaté Cécile Desrez, DRH de CFAO. Sur les 500 heureux élus, 60 % avaient moins de 30 ans, 60 % étaient en recherche d’emploi et seulement 20 % possédaient un diplôme.
Christine Gilguy
*Sur les Rencontres Africa 2016, lire également : Rencontres Africa 2016 : quand la France retrouve l’Afrique sur le terrain du business et, au sommaire de la Lettre confidentielle cette semaine : France / Afrique : Paris cherche à refonder un communauté de destin avec ce continent