Comment réorienter la politique de l’UE en faveur des pays du partenariat oriental (PO) après le refus de l’Ukraine de signer un accord d’association en novembre dernier ? Cette question a été inscrite au menu du déjeuner des ministres européens des Affaires étrangères, hier, 10 février, à Bruxelles. Les chefs de la diplomatie européenne devraient notamment débattre de deux notes internes, selon le site d’information européen EUobserver.
Réduire les ambitions dans les pays les plus marqués par l’influence de Moscou…
La première, intitulée « le Partenariat oriental post-Vilnius en 20 points », a été rédigée par la délégation suédoise et dispose déjà du soutien de douze Etats membres, dont l’Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni. Le papier suggère que l’UE revoie ses ambitions à la baisse vis à vis de l’Ukraine, de l’Azerbaïdjan, du Belarus et de l’Arménie – les pays les plus marqués par l’influence de Moscou – pour privilégier le partenariat avec la Géorgie et la Moldavie. Objectif : signer formellement l’accord d’association dès août prochain et augmenter l’aide financière destinée à ces deux Etats.
Selon les Suédois, l’UE doit aussi se préparer à de nouvelles mesures de rétorsion de la part de la Russie, notamment dans la sphère commerciale, vu le climat actuel en Ukraine. La note préconise donc la mise en place d’une campagne de lobbying plus « agressive et plus ciblée » afin de contrebalancer la « campagne de désinformation » orchestrée par Moscou.
Augmenter le budget consacré à la Géorgie et à la Moldavie
La deuxième note, proposé par la délégation polonaise, s’attache plus au volet financement de la politique du PO. Selon cette note, la part du budget 2014-2020 destinée à la Géorgie et à la Moldavie devrait être augmentée significativement en ciblant notamment les secteurs de l’agriculture et du développement rural. Dans les Etats jugées plus répressifs, l’argent européen servirait à financer la société civile, les étudiants et les groupes minoritaires.
A l’instar de la Suède, la Pologne s’inquiète du manque de visibilité de l’action européenne et plaide également en faveur d’une « campagne de communication efficace pour expliquer ce que fait l’UE et pourquoi ». Sur l’Ukraine « peu de progrès sont à attendre d’ici aux élections de 2015 », souligne la note. Les Polonais préconisent néanmoins des actions concrètes et un soutien plus ciblé de l’UE aux segments les plus pro-européens telles que les associations de PME, d’étudiants ou certaines autorités régionales. « Le risque d’escalade du conflit doit être sérieusement envisagé, nous devons être prêt à réagir », explique un haut fonctionnaire du Conseil cité par EUobserver.
K. L., à Bruxelles