La tendance baissière des taux spot et contractuels devrait se maintenir au deuxième trimestre, selon le dernier « benchmark des taux de fret routier européens » établi par Upply. Ils resteront cependant élevés en raison des prix de l’énergie et de la pénurie de chauffeurs, estime la plateforme dédiée aux professionnels du transport.
Pour la première fois depuis le début de la pandémie de Covid-19, les taux spot du fret routier en Europe ont enregistré, début 2023, leur deuxième trimestre consécutif de baisse. Dans le détail, l’indice de référence des taux spot du fret routier européen pour le premier trimestre (T1) 2023 s’est établi à 132,5, soit 7,5 points de moins qu’au T4 2022 mais 8,9 points de plus qu’au T1 2022, relève le benchmark d’Upply.
Cette baisse s’explique par la faiblesse actuelle de la demande au sein des économies européennes. La consommation mensuelle moyenne d’une année sur l’autre a chuté de 6 % en Allemagne, de 3,9 % en France, de 2,8 % en Italie et de 4,3 % au Royaume-Uni, rappelle l’étude. L’indice de référence des taux contractuels du fret routier européen pour le T1 2023 s’est quant à lui établi à 127,2, soit 2,8 points de moins qu’au T4 2022, mais toujours 10,7 points de plus qu’au T1 2022.
« Alors qu’il est habituel que les taux de fret routier chutent au cours du premier trimestre après la pleine saison des fêtes, la baisse de cette année est plus forte que d’habitude, observe Thomas Larrieu, directeur général d’Upply. Le marché semble se rééquilibrer après avoir connu une forte hausse à deux chiffres en 2022, mais jusqu’où ira-t-il ? Il est peu probable que nous revenions aux conditions qui prévalaient avant la pandémie, d’autant plus que les pénuries de capacités restent une préoccupation majeure. »
Une offre toujours sous pression
Pour les analystes d’Upply, la croissance des salaires étant toujours inférieure à l’inflation, la capacité à consommer va rester limitée et continuer à peser sur la demande, ouvrant la voie à de nouvelles baisses de taux sur le marché contractuel comme sur le marché spot.
De plus, même si les craintes d’une crise énergétique majeure sont désormais apaisées et si les prix de l’énergie ont diminué, les prix élevés de l’année dernière continuent de freiner la croissance de l’industrie en l’Europe. Enfin, des taux d’intérêt à la hausse vont probablement ralentir l’augmentation de la production cette année, anticipe Upply.
Si la demande est en berne, l’offre de fret est toujours sous pression en raison de coûts de carburants toujours élevés et d’une aggravation de la pénurie de chauffeurs. « La stagnation de la demande de fret à partir du quatrième trimestre 2022 s’est poursuivie en 2023, aplanissant la courbe de la pénurie de conducteurs – pour l’instant. Mais rien n’a changé dans les perspectives à long terme de la profession, a récemment déclaré Vincent Erard, le directeur de l’Union internationale des transports routiers, cité par Upply. La proportion de jeunes conducteurs reste extrêmement faible. Toute augmentation de la demande de la part des économies européennes aggravera encore la pénurie de conducteurs, ce qui, à son tour, limitera la croissance économique. Nous ne pouvons pas perdre de vue le problème. Nous devons continuer à faire pression pour obtenir des solutions immédiates et structurelles à la pénurie de conducteurs. »
La conjonction de ces différents facteurs devrait conduire à une nouvelle baisse des taux de fret routier, mais son ampleur sera limitée en raison des tensions sur l’offre et les taux spot et contractuels ne devraient pas redescendre à des niveaux historiquement bas.
S.C.
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