Signe d’un net recul de la demande occidentale, le trafic conteneur net a reculé au premier semestre 2023 (S1) en Europe et de manière plus marquée aux États-Unis. Seuls les ports chinois, à quelques exceptions près, ont vu leur activité augmenter, constate une note de la plateforme Upply.
La chute est moins brutale que de l’autre côté de l’Atlantique, mais le coup de frein est également notable dans les ports européens. Le premier d’entre eux, Rotterdam, est en effet passé sous la barre des 7 millions d’équivalents vingt-pieds (EVP) au cours des six premiers mois de l’année. Deux explications à cela, selon l’autorité portuaire : la fin des flux avec la Russie et la baisse drastique des importations depuis la Chine. C’est le cas pour tous les ports du range Nord, hormis Anvers-Zeebruges dont la chute de trafic est limitée à – 5,2 %.
Les ports allemands font quant à eux également les frais du ralentissement de l’économie chinoise et ont été particulièrement exposés aux conséquences de la guerre en Ukraine, souligne Upply. Au S1, le port de Hambourg a enregistré une baisse de 11,7 % en glissement annuel. La Chine reste de loin son premier partenaire commercial avec 1,1 millions d’EVP traités sur la période, mais le déclin est significatif par rapport aux 1,3 million de la même période en 2022.
Les États-Unis conservent la deuxième place parmi les partenaires commerciaux du port de Hambourg, avec un total de 313 000 EVP, en hausse de 7,4 %. Singapour, la Pologne et la Suède complètent le top 5, mais enregistrent tous un trafic en déclin.
Le Havre en forte baisse
Les ports espagnols ont enregistré un trafic cumulé de 8 millions d’EVP au S1 2023, en baisse de 7,8 %. Algésiras limite les dégâts. Le transbordement international, qui représente 70 % de l’activité, décline de 2,7 %, mais cette baisse est quasi compensée par la croissance du transbordement national, et par la légère hausse des importations et des exportations. Le numéro espagnol, Valence, subit en revanche un recul assez net, touché comme ses homologues par la faiblesse de l’économie et les aléas géopolitiques.
Du côté des ports français, Le Havre a lourdement chuté. En plus du contexte économique et géopolitique global, le port a été pénalisé par les mouvements sociaux menés durant les débats sur la réforme du système des retraites en France, rappelle Upply. Le trafic de conteneurs décline d’ailleurs dans des proportions sensiblement identiques a celui du port de Marseille-Fos (- 15 % en glissement annuel).
La chute est plus marquée en Amérique du Nord
Aux États-Unis, le trafic de conteneurs dégringole dans l’ensemble des principaux ports du pays. Les résultats cumulés du Top 10 montrent un repli de 20 %, à 21,7 millions d’EVP. À l’exception de Houston et Jacksonville, tous les ports enregistrent une baisse à deux chiffres. Alors qu’au S1 2022, la croissance des ports de la côte Ouest était pénalisée par la congestion qui empêchait les navires d’accoster, cette fois, c’est bien le manque de marchandises qui explique la chute, à Los Angeles comme à Long Beach.
L’an dernier, le port de New York avait profité des difficultés opérationnelles de la côte Ouest, enregistrant une forte progression des volumes de conteneurs pleins à l’import. Sur l’ensemble de l’année, il avait même ravi à Long Beach la deuxième place du classement des ports américains. Au S1 2023, New York conserve d’une courte tête cette position, mais les volumes s’effondrent, avec un repli des conteneurs pleins de 24,5 % à l’import et de 2,1 % à l’export.
En Chine, seul Shenzhen est en repli
L’ex-Empire du Milieu, qui aligne 7 ports dans le Top 10 mondial, affiche des résultats très majoritairement en croissance. Seul Shenzhen montre un repli. Globalement, les 10 premiers ports de Chine continentale enregistrent un trafic cumulé de 130,1 millions d’EVP au premier semestre 2023, en hausse de 4,2 %.
Cette évolution surprend, compte tenu de la reprise économique plus lente qu’attendue en Chine après l’abandon de la politique zéro-Covid. Elle peut s’expliquer, avance Upply, par un effet rebond. Au printemps 2022, l’activité portuaire avait en effet été fortement perturbée.
Néanmoins, les chiffres publiés par le ministère chinois des Transports étonnent les observateurs. « Le décalage entre les performances chinoises et les résultats très largement négatifs dans les ports occidentaux sème le doute. Certes, la Chine a pu trouver des relais de croissance en intra-Asie et dans la zone indo-pacifique au sens large. Mais cela ne suffit pas à expliquer un décalage aussi important », estime Jérôme de Ricqlès, expert du transport maritime conteneurisé chez Upply.
S.C.