L´année 2009 a été ravageuse pour l´industrie des semi-conducteurs. En effet, selon le cabinet Gartner, les revenus mondiaux de ce secteur ont chuté de 24,1% l´année dernière. En France, le chiffre d´affaires (3,4 milliards d´euros) a également baissé de 16% avec des fermetures annoncées (Freescale) ou des restructurations (Altis, Atmel, NXP). Mais Gartner prévoit une nette embellie cette année avec une croissance de 27,1% (290 milliards de dollars de chiffre d´affaire mondial). Mieux même, le secteur ne devrait pas arrêter de croître jusqu´en 2014.
C´est dans ce contexte que le ministre de l´Industrie a commandé en octobre dernier un rapport rendu public sous le titre de «Les sites français de production micro-nanoélectonique». Premier enseignement, les semi-conducteurs sont très présents dans l´informatique (33%), la communication sans fil et filaire (25%), les produits grand public (18%), l´industriel (11%), et l´automobile (8%). Mais ils vont l´être de plus en plus à brève échéance dans d´autres secteurs comme le médical, l´automobile, et l´industriel.
L´évolution continue des technologies fait que le secteur est à forte intensité de capital et de R&D. Aussi, c´est un monde de géants dominé par les Etats-Unis (17% de production mondiale, mais qui consolident 49% de la production mondiale) et quatre pays asiatiques (Japon, Singapour, Corée, Taïwan). Ainsi l´île taïwanaise est n°2 mondial derrière le Japon pour les semi-conducteurs et n°2 mondial des mémoires DRAM après la Corée du Sud. Le premier européen et cinquième mondial est le franco-italien ST Microelectronics, qui est leader mondial sur les systèmes-sur-puce.
Suite à ce rapport, qui recommande de s´inspirer du site grenoblois de Crolles et de s´orienter vers la micro-nanoélectronique, Christian Estrosi a annoncé un plan de financement de 1 à 2 milliards d´euros sur cinq ans, dont plusieurs centaines de millions d´euros de fonds publics. Ceux-ci viendront du grand emprunt national. Ils seront destinés à financer la R&D dans les puces à valeur ajoutée, à mettre en place des lignes de production innovantes, à développer l´intégration de ces composants dans les produits industriels, et à favoriser un rapprochement entre les industriels de l´électronique et ceux du logiciel embarqué comme Thales. Reste à savoir si l´Asie ne prendra pas la France de vitesse sur ces objectifs.
Jean-François Tournoud