Dans un contexte social difficile (plus de 250 000 personnes ont manifesté le 26 mars à Londres contre le budget 2011-2012 de rigueur présenté par le gouvernement le 23 mars), l´Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié le 16 mars une étude sur le Royaume-Uni et les moyens que le pays doit mettre en œuvre pour soutenir et renforcer la fragile reprise britannique.
L’OCDE analyse notamment l’important programme d´assainissement des finances publiques mis en place à l’automne 2010 par le gouvernement. Selon l’organisation, un recours excessif au financement par l’emprunt et au secteur financier − pendant la période de croissance ayant précédé la crise − a masqué l’accumulation de sérieux déséquilibres (déficits publics et extérieurs, endettement excessif du secteur financier, prix des logements élevés et une faible épargne des ménages). Ces déséquilibres, note l´étude, ont contribué à une baisse plus prononcée du PIB, à un déficit budgétaire plus important, supérieur en 2011 à 11 % du PIB, et à une inflation plus forte que dans la plupart des autres pays de la zone OCDE.
Concernant les exportations, l’étude estime que malgré la dépréciation de la livre sterling et la reprise des marchés à l´export, le redressement est relativement lent. L’évolution du solde commercial à la dépréciation de la livre et au raffermissement des marchés d´exportation a été décevante en dépit d´une reprise, à l’étranger, des ventes de biens manufacturés. Des incertitudes persistent sur l´évolution de la demande mondiale et sur l’impact à long terme de la dépréciation de la livre. Les exportations pourraient se redresser à un rythme plus lent ou plus rapide, analyse l’OCDE.
Lors de la présentation du budget 2011-2012, le ministre des Finances, George Osborne, a révisé à la baisse les prévisions de croissance (1,7 % pour 2011 et 2,5 % pour 2012). Le nouveau budget, a expliqué M. Osborne, comprend un volet pour relancer les exportations, notamment par des mesures en faveur de l’industrie et de l’innovation. De nouveaux crédits à l´export seront également créés pour aider les plus petites entreprises. L’Etat va aussi augmenter le crédit d’impôt recherche des PME. Celui-ci couvrira leurs dépenses en R&D à hauteur de 200 % d’ici le 1er avril, a indiqué M. Osborne.
Le gouvernement prévoit également de construire le premier centre britannique pour l´innovation et la technologie destiné à l’industrie à forte valeur ajoutée. Sans oublier les sciences, domaine dans lequel le Royaume-Uni présente un avantage compétitif, a rappelé le ministre. Un investissement de 100 millions de livres sera destiné aux installations scientifiques (campus et centres d’innovation) du pays.
Autre mesure phare prévue : l’impôt sur les sociétés sera diminué progressivement pour atteindre, en 2014, le taux de 23 % (il est actuellement de 28%), soit un taux inférieur de 11 % comparé à la France et de 7 % par rapport à l’Allemagne. Il s’agira pour le Royaume-Uni d’avoir le taux d’imposition sur les sociétés le moins élevé parmi les pays du G7, l’un des premiers objectifs économiques, a souligné le ministre britannique, étant d’avoir « le système fiscal le plus compétitif dans le G20 ».
Venice Affre