Les Indiens sont les premiers à reconnaître que l’état de leurs infrastructures, notamment routières, est un handicap à la croissance économique du pays. Le gouvernement veut accélérer leur modernisation.
Kamal Nath, ministre indien des transports routiers et des autoroutes, de passage à Paris le 5 janvier dernier, a été clair à cet égard : « Par son étendue, nous avons le second plus vaste réseau routier du monde, mais seulement 2 % sont des autoroutes nationales où se concentrent 40 % du trafic. Qui plus est, nous devons faire face à une double contrainte : une circulation automobile qui a crû de 35 % l’année dernière et une population jeune qui a besoin de se déplacer. » Aussi, le gouvernement indien a décidé mettre sur pied un vaste plan, le National Highways Development Project, divisé en quatre phases dont la première est achevée. Il doit mobiliser environ 50 milliards de dollars durant le 11e plan quinquennal (2007-2012).
« Nous voulons passer de 12 km d’autoroutes construites par jour à 20 km, précise Kamal Nath. Cette année, nous avons prévu de construire 9 000 km de routes. » Pour inciter le secteur privé et les opérateurs étrangers à participer à hauteur d’au moins 30 % aux investissements prévus, plusieurs mesures ont été prises.
Le ministre indien, qui était venu en France pour présenter ces projets, souhaiterait que les entreprises françaises du secteur (construction, ingénierie routière, gestion privée des autoroutes, etc.) viennent travailler en Inde avec des partenaires indiens. Il n’a pas manqué d’observer que la Chine commence à se montrer intéressée…
En attendant, le ministère français de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement et le ministère indien des Transports routiers et des Autoroutes ont signé un accord de coopération le 5 janvier. La France fera bénéficier l’Inde de son savoir-faire dans les partenariats public-privé, la sécurité routière, les systèmes de transports intelligents, l’auscultation des ouvrages d’art, et les techniques de construction. Un cadre favorable à une accélération des Français en Inde dans ces domaines.
Jean-François Tournoud
Des mesures incitatives pour intéresser le secteur privé
Le gouvernement indien veut favoriser, dans le secteur autoroutier, la participation du secteur privé dans les projets BOT (Build Operate and Transfer) de construction et d’exploitation de concession sur une période donnée (en règle générale quinze ans mais pouvant aller jusqu’à trente ans).
Plusieurs mesures ont été prises, notamment, la mise en place d’un modèle type de contrat de concession attractif permettant de développer des activités de services et des aires de repos pendant la période de concession, et la possibilité de recouvrer les droits de péage. Le gouvernement a également mis en place un fonds, le Viability Gap Fund, destiné à compenser le financement des projets non viables uniquement par les péages. Celui-ci offre plusieurs avantages : une exemption de taxes sur l’importation de certains équipements spécifiques, un régime fiscal spécial pour la construction et l’exploitation des routes, et l’acquisition par le gouvernement des terrains nécessaires. D’ores et déjà, Egis et Vinci, toutes les deux en coentreprise avec une société indienne, ont affiché leur intention de pénétrer le marché de la concession autoroutière en Inde.
Service économique français à New Delhi