C’est la saison des panoramas. Dans son dernier baromètre des risques pays pour le quatrième trimestre 2023, l’assureur-crédit Coface a abaissé la note d’Israël et relevé celles de trois ex-républiques soviétiques, 6 pays européens, deux africains et une île des Caraïbes. Soit presque la moitié des 28 pays couverts par cette étude trimestrielle. Revue de détail.
Dans le contexte de son scénario central, prévoyant une croissance mondiale de 2,2 % après 2,6 % l’an dernier, l’assureur-crédit s’attend à une année 2024 « tout aussi décisive qu’indécise ». Dans son dernier baromètre, publié quasi au même moment que celui de son confrère et concurrent Allianz Trade, il a cependant relevé la note d’une douzaine de pays et n’a rétrogradé qu’un seul pays, Israël, un reclassement qui était par ailleurs attendu.
Albanie (D à C). Proactif, le gouvernement albanais a plafonné le prix des carburants, engagé une réforme des salaires du secteur public et lancé des initiatives en matière de diversification énergétique, soutenues par des subventions européennes. En outre, le processus d’adhésion à l’UE impulse des réformes structurelles.
Arménie (C à B). La croissance, estimée à 8 % en 2023 demeure solide tandis que l’inflation est retombée à 2,5 % et que la dette publique se résorbe La négociation avec l’Azerbaïdjan voisin au sujet du Haut-Karabakh devrait réduire le risque politique.
Barbade (D à C). Le retour des touristes (90 % des niveaux prépandémiques) a revigoré la croissance. L’assainissement budgétaire progresse et la dette publique, bien que toujours élevée (115 % du PIB en 2023) est sur une tendance baissière. Par ailleurs, les réserves de change ont augmenté pour atteindre 8 mois d’importation en septembre 2023.
Belgique (A3 à A2). Le PIB belge connait une croissance continue bien que plus lente qu’avant la pandémie de Covid-19. L’inflation est restée plus modérée que dans les autres pays de la zone euro et le pouvoir des ménages a été préservé grâce à l’indexation des salaires sur l’inflation.
Croatie (A4 à A3). Les salaires et la consommation privée augmentent sur fond de croissance solide. Le pays bénéficie d’importants investissements renforcés par des fonds européens. Le tourisme a repris et soutient le dynamisme du commerce ainsi que l’afflux d’investissements.
Danemark (A2 à A1). Reprise de la consommation privée, inflation inférieure à 2 % et une croissance stable des salaires valent un reclassement au pays scandinave qui rejoint la Suisse et la Norvège. Alors que les exportations européennes diminuent, celles du Danemark continuent de croître. Les défaillances d’entreprises également et la reprise est attendue pur cette année.
Géorgie (C à B). La croissance géorgienne est supérieure à celle d’avant la pandémie et devrait s’rétablir autour de 5 % cette année. Les indicateurs macroéconomiques sont au vert.
Israël (A2 à A3). Seul pays faisant l’objet d’une dégradation de sa note de risque, Israël montrait déjà des signes de faiblesses économiques en raison de l’inflation et de taux d’intérêt élevés. Les manifestations de masse suite à la tentative du gouvernement de faire passer une réforme judiciaire et le conflit avec le Hamas continueront de perturber les chaines d’approvisionnement en 2024.
Kirghizistan (D à C). Ce pays d’Asie centrale dispose d’une croissance solide qui devrait atteindre 4,3 % en 2024, soit plus qu’avant la crise sanitaire. L’inflation et le déficit de la balance courante devraient diminuer.
Maurice (B à A4). Avec la reprise du secteur touristique, les déséquilibres économiques provoqués par la pandémie se résorbent et la croissance dépasse celle de 2019. Maurice a mis en œuvre une politique de diversification dans le sucre, le textile et les services qui commence à porter ses fruits.
Namibie (C à B). Le tourisme et les exportations de diamants, d’or et d’uranium, pour lesquels la demande mondiale est forte. La pression inflationniste devrait se desserrer cette année. A plus long termes des IDE sont attendus l’exploration pétrolière et gazière ainsi que dans la production d’hydrogène vert.
Roumanie (B à A4). Tirée par les investissements et la consommation des ménages, la croissance devrait accélérer en 2024. La Roumanie fait par ailleurs une utilisation efficace des fonds de l’Union européenne (3,2 % du PIB en 2023)
Suisse (A2 à A1). Le taux d’inflation étant inférieur à 2 % depuis juin 2023 la Banque nationale suisse n’a procédé qu’à une légère hausse du taux directeur. Le luxe et la pharmacie, principaux produits d’exportation, sont traditionnellement indépendants du cycle économique.
Ceci étant, le métier de prévisionniste est aujourd’hui particulièrement aléatoire. Comme le soulignent les auteurs de ce baromètre, « la seule certitude que l’on peut avoir c’est d’être surpris ».
Sophie Creusillet