71 milliards d’euros. C’est le déficit commercial en biens de la France atteint au premier semestre, selon les chiffres publiés le 5 août par Bercy. La seule éclaircie dans ce tableau sombre vient des échanges de services pour un montant excédentaire de 34 Md EUR. Explications.
La France a atteint un déficit commercial record de 71 Md EUR au premier semestre. Ce chiffre est « peu enthousiasmant mais il s’explique par le choc énergétique », a reconnu le nouveau ministre délégué au Commerce extérieur, Olivier Becht, lors du point presse du 5 août. Une facture énergétique qui pèse lourd et passe de 27 Md EUR au deuxième semestre 2021, à 48 Md EUR au premier semestre 2022. Et le ministre d’ajouter : « mais, dans le même temps, la résilience de notre économie se confirme : les excédents sectoriels se consolident, l’excédent de services bat des records et la France reste le pays le plus attractif d’Europe ». En effet, les échanges de services ont culminé à 34 Md EUR.
Il a indiqué que la France n’était pas la seule à souffrir du contexte mondial et « l’Allemagne voit sa situation se dégrader avec un déficit de 51 milliards d’euros sur quatre mois ». Selon les chiffres des douanes françaises, à fin juin, le déficit commercial serait de 122 Md EUR sur les derniers douze mois. Des chiffres jamais atteints même lors des précédents chocs pétroliers des années 70.
Réindustrialiser la France
« Mais dans les années 70 on n’avait pas désindustrialiser notre pays. C’est la différence ! On sort de trente années de désindustrialisation. Le choc énergétique se rajoute d’un point de vue conjoncturel au déficit structurel que nous avons créé à travers la désindustrialisation. Il n’y a pas de raison, hélas, d’un point de vue conjoncturel sur l’énergie, que les choses s’améliorent à très court terme », a expliqué Olivier Becht.
Il a par la suite rappelé les actions menées par les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron depuis cinq ans pour « inverser la tendance ». « Désormais depuis deux-trois ans, nous constatons que nous ouvrons plus d’usines que nous n’en fermons. Nous créons davantage d’emplois industriels que nous en détruisons. C’est une très bonne nouvelle mais ce sont des tendances dont on voit les effets sur le moyen-long terme », a-t-il souligné. Et espère une réindustrialisation du pays d’ici « une décennie ».
Interrogé sur le bilan dressé en décembre 2021 par le haut-commissariat au Plan faisant la liste de 900 produits responsables de 80 % du déficit commercial de la France, le ministre a répondu regarder ça « avec intérêt » mais a ajouté que « la compétitivité de la France va se jouer demain sur la réindustrialisation au niveau technologique à forte valeur ajoutée ». Et de conclure que le pays n’allait pas nécessairement relocaliser tous les produits.
Claire Pham