Le gouvernement néerlandais vient d’annoncer que les exportations de semi-conducteurs fabriqués dans le pays seraient restreintes dès la rentrée prochaine. Une décision prise sous la pression des États-Unis afin de pénaliser la Chine.
Le gouvernement batave l’avait plusieurs fois évoqué mais c’est désormais officiel. Liesje Schreinemacher, la ministre du Commerce extérieur néerlandaises, a annoncéle 30 juin qu’à compter de septembre de cette année, les entreprises fabriquant sur le sol national des semi-conducteurs ou des solutions technologiques utilisées pour leur production devront demander des licences d’exportation.
Et si le nom de la Chine ne figure nul par dans le texte concernant cette nouvelle mesure, le pays est évidemment visé. Les États-Unis, qui ont pris une décision similaire en 2022, ne sont évidemment pas étranger à cette annonce, maintes fois repoussée en raison de la crainte de voir émerger une filière chinoise, voire de provoquer une crise avec Pékin. La guerre commerciale que se livrent actuellement Washington et Pékin sur les semi-conducteurs repose sur la crainte de leur usage à des fins militaires. Un argument repris par le gouvernement néerlandais qui estime qu’ils peuvent apporter « une contribution cruciale à certaines applications militaires avancées ».
Leader européen des machines pour la fabrication de puces
Non seulement les Pays-Bas restreignent désormais les exportations de ces composants indispensables à la production de produits électroniques de pointes, y compris militaires, mais également des machines permettant de les fabriquer, la spécialité d’ASML, une entreprise du Brabant qui produit dans une usine aussi aseptisée qu’un laboratoire d’imposantes machines utilisées pour l’impression de micro-puces en silicium.
Ce groupe est l’unique constructeur de machines EUV (Extreme Ultraviolet) qui produisent les puces les plus avancées. Le groupe vend ces monstres de technologie à 200 millions de dollars pièce à des fabricants comme TSMC à Taïwan ou SMIC en Chine.
Un accord multilatéral signé par une quarantaine de pays, dont les États-Unis et les Pays-Bas, encadre le contrôle des exportations de technologies à double usage. Les États-Unis souhaitaient que d’autres machines produites par ASML, utilisant les DUV (Deep Ultraviolet), soient également interdites d’export. Reposant sur une technologie plus ancienne, elles permettent à la Chine de développer son industrie des semi-conducteurs. C’est désormais chose faite.
Le groupe néerlandais, fleuron du secteur, avait annoncé en février dernier l’ouverture d’une enquête interne sur le détournement d’informations confidentielles par un ex-employé en Chine, précisant ce que cette fuite n’était pas cruciale et ne mettait pas en péril son activité.
Sophie Creusillet