Difficultés financières, chute du nombre de voyageurs… Les compagnies aériennes subissent depuis plusieurs mois déjà les conséquences de la crise économique mondiale. Selon Jeffrey N. Shane, pour les aider à se rétablir, les gouvernements doivent déréguler le secteur.
Cet avocat, ancien secrétaire adjoint au ministère américain des transports, a plaidé pour la libéralisation du transport aérien lors du World Air Transport Forum (WAF 2008) qui s´est déroulé à Paris, les 29, 30, 31 octobre dernier. Lemoci.com l´a rencontré.
Le Moci – La chute des cours du pétrole va-t-elle permettre aux compagnies aériennes de redresser leurs comptes ?
Jeffrey Shane – Non. La baisse des prix du pétrole est liée à la crise économique or, celle-ci se traduit également par une réduction du nombre de passagers. Les éventuelles économies que les compagnies réalisent grâce à la diminution du coût du kérosène vont être annulées par le ralentissement du trafic. La situation actuelle est pire que celle qui a succédé aux évènements du 11 septembre, pire que la crise du SRAS (maladie respiratoire qui s´est propagé sur les 5 continents en 2003, ndlr), pire que la guerre du Golfe…Je ne sais pas combien de temps les compagnies aériennes vont pouvoir tenir si les choses ne s´améliorent pas.
Dans ce contexte, les transporteurs ont-ils intérêt à consacrer plus de moyens aux voyageurs d´affaires ?
La communauté des voyageurs d´affaires est particulièrement malmenée par la débâcle financière mondiale. Certes, ils continuent à se déplacer pour chercher de nouveaux marchés, de nouveaux contrats…Cependant, avec la crise, les entreprises ont plus tendance à recourir à des solutions alternatives, plus économiques, que la technologie met à leur portée. Dans la mesure où la crise se prolonge, séduire les voyageurs d´affaires va devenir un enjeu critique pour les transporteurs. En effet, ces derniers ont toujours contribué de façon disproportionnée (par rapport à leur nombre) à la profitabilité des compagnies.
Pour se tirer de la crise, les transporteurs ont-ils besoin de l´aide de leurs gouvernements ?
Les transporteurs souhaitent que les Etats les laissent libre de trouver les solutions pour se sortir de crises telles que celle que nous traversons. Ils ne veulent pas de l´argent des gouvernements. Ils veulent une libéralisation du secteur. Aujourd´hui, à cause d´accord bilatéraux, les compagnies ne sont pas autorisées à installer des hubs en dehors de leur pays d´origine et à chercher des capitaux où elles le peuvent. C´est primitif. L´accord « Ciel ouvert » (qui libéralise le transport aérien entre l´Union européenne et les Etats-Unis, en vigueur depuis avril dernier) est une réelle avancée mais ça n´est pas suffisant.
Pour prolonger : Relire L´accord Ciel ouvert libéralise les vols directs entre l´Europe et les Etats-Unis, Malgré la baisse des cours du pétrole, les compagnies restent dans le rouge et notre dossier Eté 2008 : l´aérien et l´aéronautique sous haute pression
Marine Aubonnet