Dans une Amérique latine à nouveau en pleine forme, le Brésil figure parmi les meilleurs risques. D´après le Guide Risque pays 2011 de la Coface (Compagnie française d´assurance-crédit à l´export), le grand Etat lusophone bénéficie dans le sous-continent de la meilleure note pour le risque pays, avec A3 (moyenne de défaut des entreprises à un niveau convenable), après le Chili (A2 = moyenne de défaut peu élevée).
De même, la première économie d´Amérique latine est classée en tête pour son environnement des affaires, avec une note de A4 (convenable), à égalité avec le Mexique et l´Uruguay et toujours derrière le Chili (A2 = satisfaisant). « Les entreprises se sont bien comportées pendant la crise. Il y a eu peu d´incidents à déplorer », expliquait Yves Zlotowski, chef économiste de Coface, lors du colloque annuel de Coface sur le Risque pays, organisé à Paris le 17 janvier.
D´après le dernier bulletin économique de l´assureur-crédit Euler Hermes (EH), « l´année 2010 devrait s´achever sur un recul d´environ 18 %, avec un total de 2 500 défaillances ». L´année 2011 ne devrait, cependant, pas être aussi favorable pour les entreprises, estime EH. Des pressions inflationnistes et monétaires s´ajouteraient à une croissance « plus modérée », devant passer de 7,5 % en 2010 à 4,3 % cette année.
En fait, le réal s´apprécie à mesure que les investissements directs étrangers (IDE) affluent au Brésil. Or, comme Brasilia ne parvient toujours pas à endiguer les arrivées d´IDE, les exportations risquent de baisser. « C´est pourquoi la hausse des prix des matières premières est aujourd´hui une bonne nouvelle pour le Brésil, devenu un fournisseur important de l´Asie », observe Yves Zlotowski. En 2010, les livraisons du Brésil à la Chine ont bondi de 61,5 % (contre 39,6 % dans le monde), le géant asiatique ayant ainsi absorbé 15,3 % du total des exportations brésiliennes, contre seulement 9,5 % pour les Etats-Unis et 9,2 % pour l´Argentine. Les ventes à la Chine de minerais (+ 98 %) et de combustibles (+ 227 %) ont explosé, d´après la société GTIS, partenaire du Moci.
Le doublement du real en huit ans par rapport au dollar a fait réagir le ministre des Finances du Brésil, Guido Mantega, qui s´en est pris aux deux grandes puissances mondiales, les Etats-Unis et la Chine. Les accusant de manipuler leurs monnaies, le dirigeant politique brésilien n´a pas exclu de porter l´affaire devant l´Organisation mondiale du commerce (OMC).
François Pargny